Message non lupar chris » 10 août 2006, 23:55
Les portillons et la MPA pourraient être très efficaces à long terme si l'on se donne les moyens dès le départ.
C'est très mal parti. Je m'explique :
Un grand nombre de personnes fraudent car ça coûte moins cher de payer une amende tous les 6 mois qu'un abonnement tous les mois.
Du coup, le nombre de personnes sans titre de transport est important.
Et comme le nombre de fraudeurs est trop important, il faudrait augmenter les contrôles.
Jusque là, je pense que tout le monde est d'accord.
Quel objectif veut-on se fixer ? --> Le zéro fraude.
Si la fraude était un acte marginal, elle serait très facile à gérer :
Dans le métro : surveillance des accès par le PCC et appel à l'Agent de Ligne au moindre franchissement illégal du portillon.
Dans le bus : rappel à l'ordre du conducteur, arrêt du moteur et appel aux forces de l'ordre.
Dans les 2 cas, si besoin, on facture au fraudeur l'arrêt d'exploitation lié à son acte.
Maintenant, comment passer de la situation actuelle ( fraude massive ) à la situation souhaitée ( fraude marginale) ?
Il n'y a pas photo, il faut du personnel et du personnel efficace.
Tout le temps que les agents de contrôle passent à contrôler les personnes en règle n'est pas passé à verbaliser les fraudeurs.
C'est clair que les portillons n'empèchent pas les fraudeurs de passer et que le conducteur, même avec la MPA, ne pourra pas tout gérer dans la situation actuelle.
Donc il faut un investissement en personnel.
Et c'est là que tout a très mal été fait, avec précipitation et sans se donner les moyens d'atteindre les objectifs.
On ne peut pas mettre une équipe de contrôle derrière chaque accès et dans chaque bus. Donc il faut y aller par étape.
Au métro, il aurait fallu commencer par un bout de ligne et fermer progressivement. ( 2 ou 3 stations seulement à la fois )
A chaque fois qu'une station aurait été fermée, on mettait une équipe en permanence dans la station qui aurait verbalisé TOUS les passages en fraude. Amende agravée.
Pas besoin d'aller trop vite, de fermer toutes les stations en quelques mois, il s'agit bien de faire comprendre qu'une station équipée de portillons est une station sans fraude. Tolérance zéro.
Croyez-moi, ça va très vite se savoir et la fraude va baisser de manière vertigineuse dans ces stations.
Comme les stations auraient été fermées "dans l'ordre", ça limite le cas des fraudeurs qui vont à la station précédente ou à la station suivante.
Au fur et à mesure que la fraude baisse, on place les accès sous surveillance PCC et on réduit progressivement le personnel qui peut alors aller sur une station nouvellement fermée.
Réduction de personnel ne doit pas rimer avec réduction de la vigilence. Tout fraudeur doit continuer à être verbalisé systématiquement. C'est pourquoi la réduction doit être progressive et qu'on ne doit pas délaisser subitement une station du jour au lendemain.
Ainsi de suite, on referme le filet.
Le gars qui continue à essayer de frauder pour prendre le métro, c'est soit un inconscient, soit un téméraire.
Après, on peut passer au bus.
Nos agents APIC dégagés ( toujours progressivement ) des stations de métro prennent une voiture et on applique la MPA ligne par ligne, en commençant par celles qui vont le plus loin ( et qui correspondent bien souvent à celles qui sont le moins contrôlées ).
Les conducteurs sont donc assistés ( très fortement dans les premiers temps ) et vérifient les validations.
L'avantage des lignes de banlieue, c'est leur fréquence de merde.
"Tu payes ou tu marches" :twisted:
" Tu veux pas payer et tu veux pas descendre, on t'embarque" :twisted:
Même principe : on sert progressivement le filet et on ne passe à la MPA sur la ligne suivante que quand le conducteur de la ligne précedente arrive à gérer correctement sa clientèle.
Une fois le bus et le métro avec une fraude quasi-nulle, on s'attaque au tramway. Nos agents APIC sont redéployés afin que personne ne puisse voyager plus d'une semaine dans le tram sans présenter son titre de transport.
Sinon, il y a aussi les contrôles en civil qui seraient très efficaces dans le tram : là encore, plus besoin de contrôler ceux qui ont bien validé, nos agents se concentrent sur ceux qui se sont assis dès leur monté.
Tout est question de volonté. Ce qui m'énerve le plus, ce sont les grandes campagnes anti-fraude, les discours de Kéolis Lyon et du Sytral sur le manque à gagner, etc... et le laxisme dès qu'il s'agit de mettre en oeuvre des mesures concrètes.
A l'heure actuelle, on peut monter en fraude par la porte avant, faire un "petit train" aux portillons sans avoir plus de chance d'être verbalisé qu'avant.
Cherchez l'erreur.
Penser les transports en commun du XXIème siècle.