Salut,
Ce que dit Stadler, d'autres acteurs du marché le disent aussi. La première agglo française qui ait travaillé sur le concept, à ma connaissance, c'est Besançon (voir
http://www.letram-grandbesancon.fr/le-projet.html). Mais dans des bureaux d'étude comme EGIS Rail, certains défendaient avec vigueur de telles approches depuis un certain temps...
L'idée de base est de faire des économies partout où on peut en faire. Les premiers projets de tram modernes français (c'est-à-dire lorsque la tendance s'est accélérée = fin des années 90) se caractérisaient par :
- La logique de système (application des avantages du métro au tram) sur des axes où le bus était saturé (réellement ou potentiellement, selon les hypothèses d'évolution du trafic) donc site propre sur l'ensemble du parcours, priorité aux feux, bonne fréquence, rames modernes et capacitaires, etc.
- Un contexte où l'accessibilité tous modes (et surtout voitures) de la ville était le crédo de pas mal de monde donc fortes tensions dès qu'on parlait de réduction des voies de circulation, de diminution des places de stationnement...
- La volonté de profiter de ces aménagements pour proposer un nouveau rapport aux déplacements en ville (contexte de la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Énergie) et d'embellir la ville et même, souvent, de faire financer ces embellissements par le budget transport...
- Un engouement parmi les pros et les passionnés pour le tram-train
Si on résume les conséquences :
- On a pris de l'écartement standard pour permettre de fortes capacités et dans la perspective de pouvoir éventuellement faire des trams-trains. De fait, le standard des trams français, facteur d'économie, était le standard ferroviaire classique.
- On a financé des restructurations de façades à façades
- On a chiadé les aménagements pour faire accepter le projet en mettant en avant que c'était le tram qui embellissait la ville
- On a pris des designers pour faire sur mesure le mobilier urbain qui va avec (stations) et personnaliser l'avant du tram
... Ce faisant, on a réussi à donner une image de modernité au tram, d'embellissement de la ville, que c'était un outil pour lequel on était obligé de faire un site propre et que ça menait nécessairement à des réaménagements profonds. ça a donc emballé pas mal de monde dont des élus. Et les projets ont percolé. Quelle grande agglo n'a pas choisi le tram en site propre pour quelques unes de ses lignes fortes ? Rennes ?
On est donc passé aux agglos de taille moyenne qui, parfois, souhaitent jouer dans la cour du dessus.
Là, on a commencé à déchanter... Et dans les grandes agglos aussi. On a fini par se dire :
- que ce n'était pas forcément au budget transport de prendre en charge des réaménagements de façade à façade
- que les autres acteurs devaient être associés pour agir en cohérence avec les projets de lignes fortes et prendre en charge les coûts annexes qu'ils cherchaient à imposer
- qu'on n'était pas obligé de faire appel à des designers
- qu'on pouvait prendre un matériel standard
- ... et ainsi de suite !
En poussant la réflexion plus loin, on cherche à faire des économies sur tout :
- voie métrique
- plateforme simple
- arrêts simples non personnalisés
- matériel de tram non personnalisé
- ... (j'en oublie)
Si, à ça, on ajoute la différence de coûts d'entretien et les externalités (positives et négatives)... Ceci dit, lorsque Stadler ou d'autres constructeurs viennent présenter leurs chiffres, ils me font un peu rigoler. Une présentation objective mettrait en avant et en comparaison entre tram et BHNS :
- Les coûts d'investissement
- Les coûts de fonctionnement
- Les externalités chiffrées
... mais sur 20 ans, 30 ans, 50 ans (ou toute autre échelle de temps pertinente) !
Actuellement, ils comparent généralement un BHNS "de luxe" avec un tram "low cost"
dans l'absolu ! Forcément, la première chose que je ferais si on me présentait de tels chiffres, serait de demander une comapraison sur un axe précis avec d'un côté, un BHNS adapté à mes besoins (il n'a pas forcément besoin d'être "de luxe" lui non plus !) avec le tram "low cost". Mais là, on serait objectif et pas commercial...