Message non lupar Rémi » 04 Jan 2023, 17:19:35
Salut
En effet, cela n'a rien à voir. Résumé des épisodes :
- Huchon avait été réélu moyennant un accord politique avec la gauche de la gauche et les écologistes qui avaient pour totem le tarif unique "parce qu'en grande banlieue c'est des pauvres" (donc à Belleville et La Chapelle, ça dégouline le franc suisse, c'est bien connu, et pour les ménages modestes dans Paris, il y a bien eu augmentation du prix du Navigo). Première erreur.
- Pécresse n'a guère eu d'autres solutions que de le maintenir malgré une perte de recette annuelle de 500 M€.
- Pendant les confinements, les coûts variables (le service) ont été réduits mais pas les coûts fixes (le personnel et les installations). Le "quoi qu'il en coûte élyséen" a été très sélectif puisqu'il n'a pas pris en compte les transports en commun qui ont dû se débrouiller
- Ajoutez une reprise progressive de la fréquentation en 2021
- Puis une forte augmentation des coûts d'exploitation du fait de la poussée inflationniste de 2022. Là encore, sans mécanisme de soutien.
- Pour finir, la règle des collectivités locales qui n'ont pas le droit de présenter un budget en déficit.
Bilan, à service de référence égal, les coûts explosent.
Etant donné que l'Etat a bloqué les amendements déposés dans le débat sur le budget 2023 pour augmenter le taux de participation des entreprises au Versement Mobilité, étant donné que les collectivités locales (Ville de Paris, Région, Départements) ne peuvent augmenter leur participation au budget de fonctionnement du STIF que dans la limite des possibles (sachant qu'elles-mêmes subissent les mêmes contraintes et le plafonnement de la hausse de leurs dépenses de fonctionnement par la RGPP), le STIF n'arrivait pas à équilibrer son budget.
Dès lors, 2 alternatives : diminuer l'offre (comprendre bien au-delà des problèmes de non-réalisation par manque de personnel) ou augmenter les prix.
On peut tergiverser des heures sur des yakafokon ésotériques, mais in fine, ce sont des questions très concrètes.
Et ce n'est qu'un début ! Le Grand Paris Express, c'est bien gentil, mais pour l'instant, il n'y a absolument aucune ressource pour financer l'exploitation de la 14 prolongée et du quatuor 15-16-17-18, ce qui représente à échéance de mise en service totale, plus de 1 milliard € par an de dépense pour faire tourner les rames et assurer l'entretien des installations. Tous les gouvernements depuis 2008 ont fait de belles promesses sur la mise en oeuvre de nouvelles recettes. Pour l'instant, rien n'est prévu. Donc on est reparti pour un tour de piste entreprises - collectivités - usager... ou alors, refuser de commander la moindre desserte sur ces sections. Imaginez le bazar : ça ferait la une de TF1 20 heures sur l'air "le scandale des infrastructures désertes".
Tout ceci résulte d'un problème de gouvernance des transports franciliens, entre étendards politiques injustifiés, ingérence de l'Etat (qui a décentralisé en 2006) et phénomènes imprévisibles.
Je peux vous dire que la hausse du Navigo alors que la desserte est plus que médiocre, avec des temps d'attente allongés sur métro, tram, bus, des problèmes de régularité amplifiés, des stations de métro et de RER en état plus que dégradés (et avec des chantiers de rénovation qui n'avancent pas ou quand ils sont finis sont à refaire tellement c'est du boulot de sagouin), ça a du mal à passer.
Problème, on n'a pas trouvé la clé du coffre qui contient la solution miracle.
Donc même s'il y avait moins de monde en IDF, le problème serait le même. D'ailleurs, toutes les AOT sont confrontées à la même situation mais avec des nuances diverses. En IDF, c'est très aigu parce qu'il y a un passif politique national.
Quant à lutter contre l'empilement francilien, vaste programme. Aux dernières nouvelles, Bordeaux connaît un reflux sensible : depuis 2017, l'attrait de la ville a bondi du fait du prolongement de la LGV. Pas mal de parisiens sont partis en Gironde et ça a continué avec le confinement. Sauf que certains déchantent car ils sont confrontés aux mêmes problèmes. Etre tassé dans le tram de Bordeaux ou tassé dans le métro parisien, c'est quand même la même chose sur le principe. Ajoutez aussi un phénomène qui semble influer sur les désillusions : la vie culturelle. Côté expositions, théâtre, spectacles en tous genres, il y a encore un écart très important entre Paris et la province. Ajoutez enfin certains bordelais qui n'ont pas apprécié l'arrivée des parisiens sur le marché immobilier qui a grimpé en flèche...
Rémi