Tiens, Nanar vient de mettre la main sur un exemplaire intéressant d’éco anxieux, mais qui souffre d’une hyperspécialisation sur un domaine qui complique son analyse rationnelle sur les sujets connexes.
(Je serai moyennement d’accord sur l’article, si son discours, tout en tapant sur ce sujet précis des SUV relativement marginal, pouvait être aussi pointu, teigneux et vindicatif sur d'autres sujets liés aux déplacements, probablement plus critiques que celui ci ; du moins si le but est de régler des problèmes sérieux. Mais on va éviter la discute de boomers ou l’affrontement putatif entre urbanité et territoires extérieurs...)
Ceci étant, pour avoir pratiqué pas mal de modèles différents de voitures, avec pour critère principal la consommation la plus basse possible disponible sur le marché au moment de l'achat
(moins ça consomme, moins ça rejette de polluants, sauf si j'ai raté un truc), pour un usage cohérent
(pas d'achat de petit truc à 500 mètres avec un V12 turbo 50 litres, hein...), un confort correct histoire de ne pas arriver plié en deux aux rdvs pros, et une idée de la sécurité nécessaire
(quelques cartons matériels avec des gens sympas mais étourdis qui "ne m'avaient pas vu") font que oui, je comprends l’intérêt des SUV même si perso, j'ai d'autres modes de déplacement et d'autres types de véhicules

et que mes choix de déplacements TC/vélo/voiture sont "équilibrés et panachés" pour optimiser le bilan carbone
Entre une clio / corsa / 20X et un SUV, la position de conduite, qui est aussi un paramètre important, est sans appel en faveur du SUV : déjà, tu vois plus loin que quand tu es au ras du goudron, ce qui est pratique pour anticiper les mouvements de vélos ou piétons en situation urbaine... même si le SUV est plus adapté à d'autres conditions de circulation extra urbaines.
Si les chiffres de consommation donnés par les constructeurs sont les bons, j’aimerais qu’il explique pourquoi les consos des SUV sortants actuellement sont proches des modèles équivalent non-SUV dans les mêmes marques (à 10/15 % max, le reste dépendant surtout du style de conduite) ? Est ce parce qu’ils ont les mêmes moteurs ? Et pourquoi (malgré toutes les recherches faites dont certaines sont fructueuses mais coincées dans les tiroirs) ce sont pratiquement les chiffres de consos des années 80/90, SUV ou pas ?
Un point que semble oublier l’auteur de l'article, c'est qu'il a peut-être l'aisance financière qui lui permet d'habiter en hypercentre sans avoir de nécessité de déplacement hors périmètre / rayon d'action vélo ou TC, en se fournissant en local et en se faisant livrer
(d’ailleurs, il pourrait faire un com sur le sujet très sensible des livreurs et des conditions très discutables dans lesquelles ils sont amenés à évoluer, sujet qui nécessiterait largement son expertise appuyée et sa capacité de démontration). OK. Tout le monde fonctionne comme lui ?
Non... 'tout le monde peuvent pas être de Lyon', et tout le monde ne peut pas s'empiler en hypercentre. A partir de là, quid des modèles urbains ou périurbains, ou autres, qui prennent des années à évoluer ? Pour ces personnes ayant fait d'autres choix que de s'empiler en hypercentre, à part tailler sur un petit segment du problème, il propose quoi de pertinent, construit, imaginatif, cohérent ? Il finance comment, et pour qui, un assortiment de véhicules adapté à chaque usage ? P’tite électrique une place + familiale + trajets pros tout seul + fourgon occasionnel + etc ?
La location semble évidente, mais quid des contraintes réelles ou fantasmées, du prix réel et du prix psychologique, des horaires, etc ?
Il y a matière à construire quelque chose et combler les vides. Mais se contenter de taper sur les SUV, c’est réducteur...
Pour le constructeur automobile, par définition (même si sa part dans le PIB est en déclin) : son but est de vendre immédiatement, pas d'infléchir des politiques d'aménagement vers d'autres schémas qui vont concourir à supprimer son gagne pain. Il ne s'incrit pas dans la nécessaire politique à très long terme qui relève de l'aménagement du territoire (et qui ne rapporte quasiment rien à ses actionnaires). Donc il vend, avec pour objectif une (très) bonne marge, des modèles qui doivent rencontrer leur public, et si possible autrement qu'en petite quantité :il met en place tous les moyens commerciaux pour cela. Et paf, le SUV.
L’outil, mis au goût du jour, mais en gros idem la berline 3 ou 2 volumes d’il y a quelques années…
Qui permet de loger du monde pour les déplacements "en famille" pour aller voir mamie et papi.
De passer rapidement d'un point à un autre, avec ou non des trucs dans le coffre, y compris quand il pleut (la tête au sec...) quand le soleil joue au cuistot (37° dehors, super la clim), quand on est coincé dans un bouchon (on est bien assis, avec la bonne zique, internet, toussa). Et le raisonnement / approche intellectuelle ne va pas plus loin dans quasiment tous les cas.
Qui permet de ne pas se respirer des gens « qu’on ne connaît pas », et « leur sale gueule », « leur dégaine chelou », etc. (authentique !) parce qu’il y a une barrière physique de verre et de tôle qui sépare et « protège », tout le design étant axé la dessus.
Qui permet incidemment de toiser, de regarder de haut, consciemment ou inconsciemment, parce que son statut social va dans ce sens… et qu’il faut s’y conformer (écrit dans aucune pub… mais assumé verbalement chez les vendeurs

)
Et inversement, le verre fumé permet de ne pas voir les gens « qu’on ne connaît pas », et « leur sale gueule », « leur dégaine chelou », etc. qui sont à l’intérieur, gens qui n’ont pour le spectateur qu’un intérêt limité puisqu’ils roulent avec un objet identifiable et identifié.
(ça, c’est pour le fun, cette inversion est une notion assez peu documentée)Pour le client, l’arrivée de la voiture électrique marque une évolution du coté statutaire, puisque jusqu’à présent, vendues cher, ces électriques offrent une bonne contenance vis à vis de l’écologie, bouh le mazout, sans rien changer aux habitudes ; elles permettent de se démarquer vis à vis des brêlons aux financements douteux mais circulant dans des voitures jusque là identiques aux leurs… très pratiques pour « faire du bruit au rupteur ».
Pour le constructeur automobile, cela constitue une formidable avancée en rentabilité : un moteur électrique et la techno qui va avec est d’un prix de production ultra bas, sans commune mesure avec celui des moteurs thermiques, des boites à vitesses, des organes de transmission, etc.
Il serait temps que les prix baissent, de ce fait… mais en attendant, SUV + électrique = jackpot
Mais quid de la production électrique ? Pollution ou pas ? Assez de production, ou va til falloir rajouter des centrales ? Et en l’absence de CO2 direct, par exemple pour le nucléaire, on fait quoi des déchets ? C’est bon, y’a pas de CO2, on peut les poser en tas au milieu de la Creuse ? ça tombe bien, y’a que des vaches et quelques ploucs puisqu’on leur a conseillé de dégager en métropole ...

Donc les SUV, à mon sens, faux débat.
