Tarification : quelle est cette logique à l'oeuvre ?

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BBArchi
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Tarification : quelle est cette logique à l'oeuvre ?

Message non lupar BBArchi » 29 mai 2019, 20:28

La déprise de l'outil ferroviaire ne doit pas aller assez vite au goût de l'équipe décisionnaire.
Sinon, c'est totalement incompréhensible, et ça ne tient pas debout.
Il semblerait que les clients s'obstinent.
Il y aurait comme un troupeau d'irréductibles accrochés à leur train (comme la moule à son caillou) à décramponner au plus vite, façon d'officialiser que le train, c'est fini, un peu comme la batellerie, quoi.

Il y avait déjà plus qu'à redire en matière de complexification de l'outil tarifaire, dont on pouvait se demander si le but n'était pas de justifier des postes 'pléthoriques & indispensables' pour 'driver l'outil compte tenu de sa nécessaire complexité'.
Il y avait cette stratégie inexplicable et échevelée du flou permanent, choisie, développée, et mise en oeuvre : délibérément assumée, au lieu de donner une base simple, sobre, sans chichis, aux prix abordables mais avec des recettes en face des dépenses, avec des prix stables et précis ne perdant pas les clients en route.
Il y avait cette stratégie de ne plus assurer de vente à bord des trains avec les mêmes prix qu'au guichet.
Il y avait cette stratégie du choix de l'invisibilité à bord des contrôleurs sur les 'petites lignes', combiné à l'absence de vente de billets dans les points d'arrêts vides de personnels et de distributeurs.
Il y avait cette stratégie de vente de billets par internet, aux prix changeants au fur et à mesure qu'on consulte les tarifs et les disponibilités en places depuis le même ordinateur et la même connexion / IP.
Il y avait cette impulsion de digitalisation à marche forcée, en oubliant intentionnellement que 40% de la population est soit désarmée face à la techno, soit se fait estamper lors de manipulations malhabiles, soit n'est tout simplement pas assez pugnace pour faire le choix de la difficulté face au choix simple de la voiture pour un trajet identique, soit, et c'est son droit, n'est pas d'accord pour se faire imposer une techno.
Il y avait ce choix de privilégier les utilisateurs réguliers au détriment des occasionnels, tant en tarif qu'en possibilités de changer de train au dernier moment.
Il y avait cette régression progressive de la liberté de monter dans le train de son choix, (y compris quand une réunion 'déborde' de quelques minutes, mais qu'on ne va pas jeter le client et son futur contrat, et mettre en danger les emplois de la boite !) parce que le transporteur ferroviaire fait un caprice en facturant un surplus ; un faux nez, la gestion des places disponibles ne devrait pas être un prétexte.
Il y avait cette approche de plus en plus pénible de d'abêtissement de la clientèle en lui faisant la morale sur la nécessité de faire les choix de déplacement le plus tôt possible, et de ne surtout pas en déroger.
Il y avait ces suppressions de trains au dernier moment, par hasard ou par Toutatis, par faute d'anticipation : de train en réserve, de personnel d'astreinte, de possibilités de trajets par des lignes différentes mais permettant d'arriver quand même.
Il y avait ces mises en commercialisation de plus en plus tardives des trains et des prestations, en totale contradiction avec le principe mis en étendard flamboyant dans le vent du 'plus vous achetez tôt votre billet, moins il est cher'
Il y avait enfin ces rails connectés les uns aux autres, aujourd'hui pour la plupart perdus sous les ronces, et qui permettaient d'aller en tout point de la France et de l'Europe ; progressivement élagués, tronçonnés, découplés les uns des autres, ils obligent à des trajets 'obligés' incompréhensibles si on les place sur les cartes. L'addition des tronçons différents et des correspondances encore actives relève de la pratique ésotérique la plus élaborée. Ne parlons pas d'argent, évidemment...mais le coût devient déraisonnable, lui aussi.

Alors comme toutes ces mauvaises manières ne semblent pas assez pertinentes ni rapides, il a été décidé de frapper fort.

Et voyager 'pro' au départ de Lyon va devenir encore plus un luxe, semble t-il !

http://www.lefigaro.fr/voyages/sncf-jus ... e-20190529
Cartes de réduction Avantage ou liberté: la bronca contre les nouveaux tarifs de la SNCF prend de l’ampleur. Avec une sévère mise en garde de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports. Enquête.

Suite au succès de notre dernier article sur «les inconvénients cachés des cartes Avantage», nous continuons de décrypter les évolutions de cette nouvelle tarification du TGV. Que ce soit sur le plan tarifaire ou sur le plan des conditions d’utilisation, les nouvelles cartes d’abonnements présentent d’importants changements, au détriment des usagers. On constate même dans certains cas une augmentation colossale du prix des billets, à laquelle s’ajoutent des restrictions très coûteuses pour modifier ses horaires.

Rachel Picard, la patronne de voyages SNCF, pensait-elle sérieusement qu’une augmentation de 27% du prix du billet pour les abonnés fréquents passerait inaperçue? S’imaginait-elle qu’une campagne de communication rondement menée suffirait à faire passer la pilule? Un exemple: la nouvelle carte ne s’appelle plus «Fréquence» mais «Liberté». Cela prête à sourire quand on sait que cette carte comporte davantage de contraintes que son aînée, et que les prix des billets sont à la hausse. La SNCF met par ailleurs en avant une réduction de 45% en première et de 60 % en seconde par rapport au billet «business premier», tandis que l’ancien tarif abonné fréquence garantissait une réduction de 50 % par rapport au plein tarif en seconde et en première. À des fins de comparaison, nous avons demandé à Voyage SNCF le nouveau pourcentage de réduction par rapport au billet seconde «pro» qui est désormais réservé aux entreprises. En vain.

...

Nous avons précédemment étudié les nouveaux tarifs sur la ligne Paris-Lyon, prenons maintenant l’exemple Paris-Nantes, une ligne très fréquentée par les abonnés. Sur certains trains en seconde, le prix est passé de 45€ avec l’ancienne carte Fréquence à 53€ avec la carte Liberté. Soit 18 % d’augmentation ou 16 € pour un aller-retour. Pour un voyageur effectuant un aller-retour par semaine - et c’est la moyenne pour les abonnés - cela représente une hausse de près de 800 € par an. Autant dire qu’avec une telle augmentation, la SNCF s’est très vite remboursée la baisse de prix de la carte de 200 € qui aujourd’hui coûte 399 €.

« Dans certains cas, le prix des billets carte Liberté pourra effectivement être plus élevé que celui des billets fréquence »
Voyage SNCF




Avec ce genre de comportements, plus quelques efforts complémentaires en matière de dissuasion active (désactivation des correspondances, grilles horaires en roue libre totalement déconnectées des besoins, etc...) nul doute que l'abandon du train par la clientèle qui en a besoin n'est plus qu'une question de mois.

Le pire, le pire semble à venir ; au vu des 'réactions aux réactions de la clientèle', il faut se poser la question pour de bon : ils le font exprès (ce qui ouvrirait une porte de sortie par un retour rapide aux réalités), ou bien ils ne se rendent même pas / plus compte de rien (et là, à part faire le ménage énergiquement, what else) ?

Ça fait très très gros à avaler, quand même.
Ces administratifs divers ne sont pas payés au smic, il paraît.
Mais ils sont en pleine action pour me massacrer le train. Mon train.
Quelqu'un pourrait actionner le gros bouton rouge "arrêt d'urgence" svp ?
>:(


Edit : pour savoir quelle est la stratégie de Mme Rachel Picard, regardez ici : viewtopic.php?f=1&t=11318#p210953
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Re: Tarification : quelle est cette logique à l'oeuvre ?

Message non lupar TubeSurf » 31 mai 2019, 11:20

J'aime beaucoup au milieu de tout ça l'abandon des tarifs 'Pro' pour le simple mortel qui n'a pas de code entreprise. Entre ça et les autres mesures, pourquoi faciliter l'accès au train après tout?…
Le tout servi avec une couche de mauvaise foi consternante.

X. (agacé).
Avoue travailler pour le réseau TCL.
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Re: Tarification : quelle est cette logique à l'oeuvre ?

Message non lupar BBArchi » 01 juin 2019, 16:55

Typiquement, mon cas.

Besoins en déplacement pro (ou pas) seul dans ma voiture (pas de passagers en + qui rendent la facture du train déraisonnable), dans un rayon de 60 à 150kms autour de ma base (Lyon à Grenoble, Mâcon, Valence, Clermont-Ferrand), trajets occasionnels non réguliers, et pas quotidiens ; accessoirement intéressé par le fait de pouvoir bosser des dossiers au lieu de conduire (y compris en période hivernale ou à part conduire, il vaut mieux oublier toutes les autres activités intellectuelles au volant), ce qui permet de faire des journées de 11h au lieu de 14/15.

Des déplacements programmés à l'avance : 'achement beaucoup... pour moi, pas pour le mossieur qui pense que l'abo est rentable et que je n'ai qu'à en prendre un pour chaque destination. Moyenne 48h à 12 jours max, vu que les rdv peuvent se décaler dans la journée... y compris le jour même.

Pas forcément un CA à plusieurs centaines de millier d'€ - et le train de vie qui va avec - donc pas vraiment dans la coolitude du mécénat (pour du déplacement pro de surcroît).

Là, le pégut paye plein but. :buck2:

On rate des milliers de clients ordinaires, sans même parler des clients à la sensibilité environnementale de plus en plus affirmée.

La totale...

On a vraiment l'impression que les responsables se sont trompés de poste, ou qu'à l'entretien d'embauche, le recruteur a coché les mauvaises cases.

Tout le système de tarification est à revoir, et fissa, selon un principe simple pour réconcilier les clients avec l'outil.
> On écarte tous les responsables du système tarifaire actuel, on simplifie l'organigramme à 100/150 personnes. Pas d'éjection brutale de l'emploi, on peut se payer pendant quelques années des gens à ne rien faire ; compte tenu du résultat, le gaspillage d'argent ne peut pas être pire.
> Un tarif au kilomètre, quel que soit l'heure, quel que soit le train ; prenant en compte la "composante psychologique du prix" qui fait partie des enseignements des écoles de commerce, tenant compte du fait que l'effet de masse et l'économie d'échelle doit permettre de facturer le juste prix correspondant à celui de l'usage de la voiture.
> Une résa possible, mais pas sur la totalité du train.
> Une ristourne en liquide versée à intervalles réguliers, en fonction du km parcouru ; plus tu roules, moins tu payes : parfaitement logique sur le principe et sur l'acceptation
> Un tarif social sur conditions de ressources, pour ne pas oublier qu'à coté de ceux qui roulent en SUV sièges cuir, beaucoup rament. Et un tarif social, pas un tarif par tranches d'âge qui avait une certaine logique dans les années d'opulence, mais plus dans ce qui nous sert de cadre.
> Des trains capables d'embarquer du monde y compris debout. Des trains modulables aussi, capables de suivre les fluctuations. Mais ça actuellement, ce n'est pas un problème tarifaire, juste un problème de commerçant qui semble ne pas savoir ce qu'il vend.
Mise en place de ce nouveau régime commercial pour une durée minimale de 5 ans. Au bout des 5 ans, on fait le point.
Et on ajuste.
Dernière modification par BBArchi le 02 juin 2019, 17:50, modifié 1 fois.
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Re: Tarification : quelle est cette logique à l'oeuvre ?

Message non lupar Doktor Villamos » 02 juin 2019, 12:45

:pouce: :pouce: :banane:

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