Salut,
@ Matrix : En train, en car... Même en voiture avec 4 personnes dedans, tiens.
@ Totoche : Crois-moi que je me suis souvent posé ces questions. Non seulement parce que je n'aime pas le dogmatisme mais aussi parce que j'avais besoin de comprendre ce qui motive ceux qui ont la même opinion que toi sur ce sujet. Après avoir retourné le problème dans tous les sens, j'en arrive toujours à la même conclusion : le respect de l'environnement est nécessairement au-dessus du lot puisque sans ressources naturelles viables et/ou sans capacité à profiter de la vie (mauvaise santé, manque de temps...), l'existence de l'Homme est-elle envisageable ?
Arrivés à ce stade, on va me dire que je suis une extrémiste et on va revenir encore une fois au discours stupide de la pub Volskwagen. Mais mettons les choses au clair : on parle ici en théorie. En théorie, il est évident que le respect de l'environnement est au-dessus du lot puisque sans lui, il n'y ni social, ni économique et aucun développement possible. ça me fait penser à ceux qui défendent la liberté de fumer dans les lieux publics. mais où est la liberté lorsqu'on est dépendant à la fois à une substance et à ses propres envies ?! Mais je digresse...
On est forcément d'accord sur le fait que le développement durable est une question d'arbitrage. Je ne fais que répondre à ce parallèle avec le dogmatisme. La question de fond est : est-ce que l'enrichissement culturel provoqué par les voyages est supérieur à la pollution créée pour ce voyage ? Pour le savoir, il n'y a aucun calcul et je n'en propose aucun. Mais si je devais l'évaluer, à titre personnel, je me poserais au moins deux grandes questions :
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quelle est la fréquence/distance de ces voyages ? Le plus simple serait bien sûr de faire le total mensuel ou annuel des km parcourus selon le mode de transport. Et il faudrait mettre ce résultat en rapport avec la deuxième question ci-dessous et avec le reste de son comportement quotidien (cf. sketch Groland *).
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quel est l'objectif de ce voyage et quelle en est la raison de fond ?Est-ce que je prends l'avion parce que c'est pas cher ? Est-ce que je fais ces milliers de km parce que c'est pas cher ? Est-ce que je fais ce trajet parce que le fait que l'avion soit pas cher m'autorise à faire un aussi long voyage dans un court laps de temps ? Est-ce que je ne pourrais pas privilégier une autre solution m'apportant les mêmes bénéfices avec un meilleur bilan environnemental ? Si je réponds oui à une seule de ces quatre questions, pour moi, il y a un grave problème...
Les transports ont un coût collectif pour la société. Les individus ne les payent pas. Le low-cost est symptomatique de cette tendance parce qu'il rend abordable pour beaucoup de monde des trajets avec un mode extrêmement polluant. Ce qui me gêne :
- qu'on ne paye pas le vrai coût collectif de ses déplacements (hors déplacements urbains)
- que cette situation avantage aujourd'hui l'avion sur des liaisons qui
d'un point de vue collectif devraient se faire en train
- qu'on ait envie de faire des trajets qu'on n'aurait pas fait autrement soit parce qu'on les aurait considérés comme longs, soit comme trop chers
Bref, ce qui me gêne, c'est que le low-cost crée une "demande" et répond à des attentes avec un mode dont les conséquences sur l'environnement sont énormes. Selon moi, on est largement au-dessus de ce qui est supportable par la société, surtout parce que :
- les citoyens n'agissent pas en citoyens (ils ne se posent pas les questions ci-dessus, ils cherchent la satisfaction de leurs intérêts individuels avant d'envisager les conséquences collectives)
- et que la non-correspondance entre les coûts payés par l'utilisateur et les coûts occasionnés pour la société empêche toute prise de conscience économique alors qu'on sait tous que dès qu'on touche au portefeuille, les esprits évoluent rapidement. On ne citera pas par exemple l'augmentation du pétrole d'il y a deux ans...
Je ne vois pas où est le dogmatisme là-dedans.
Et on pourra noter aussi que mon message est truffé (probablement comme les précédents) de "selon moi", "pour moi", "à titre personnel"...
Ce débat me rappelle une conférence à laquelle j'avais assisté. Intervenaient : Paul Ariès et François Ascher. Là où le premier allait très loin dans l'autorégulation du mode de vie (décroissance), le deuxième défendait le droit de manger des sushis quand on en a envie... Chaque fois qu'on parle d'environnement, on en arrive à ce débat où certains estiment que certaines choses valent plus que l'environnement mais à suivre ce raisonnement, on finit par ne rien remettre en question ou, plus drôle, à dire que c'est les autres qui devraient changer parce que c'est eux qui polluent plus. Autre façon de le dire : ce serait aux milieux économiques de changer. Quand on parle de laisser la voiture pour les TC, certains disent ainsi que c'est l'industrie qui pollue.
Autre façon de voir les choses (mais qui est souvent dans la continuité de la précédente), c'est de se reposer sur la science. On dit alors qu'il ne faut pas imaginer la ville sans voitures puisque c'est l'électricité/la pile à combustible/les agrocarburants (rayer la mention inutile) sauveront l'humanité. Et de manière plus générale, on tient un double discours où on dit qu'il faut absolument changer alors qu'en réalité, on ne modifie son mode de vie qu'à la marge, sur des éléments qui sont souvent anecdotiques en se reposant sur la science et les autres pour ne surtout pas changer sa propre façon de voir les choses, son mode de vie.
Aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, on est entrés dans la société de l'abondance et on doit faire avec. On a les moyens de s'offrir plein de choses et pourtant, en raison de leurs conséquences soit individuelles (mauvaise alimentation...), soit collectives (déplacements...), on doit apprendre à ne pas céder à la tentation. Rien de religieux dans mes propos (en bon athée anticlérical...
), c'est juste un constat. On ne peut pas "jouir sans entrave". Du moins, ce qui s'applique à la sexualité ne s'applique pas à la société dans son ensemble !
Et en matière de transports, il n'y a pas que la question des gaz à effets de serre. Il y a aussi le bruit, les accidents (ça, ça ne concerne pas trop l'avion qui est un mode plutôt sûr malgré l'image qu'ont les rares crashes), la pollution locale, l'encombrement... Réduire les nuisances pour être vraiment libre, ça devrait passer par une auto-régulation. Force est de constater qu'elle n'existe pas, d'autant que les prix faussent la donne. Pourtant je suis contre un pouvoir autoritaire. Suis-je dogmatique ? En quoi ? J'accepte parfaitement qu'on ne soit pas d'accord. Et on peut continuer à en débattre.
A +
Amaury
* Groland a fait un sketch il y a plusieurs années où ils mettaient en parallèle un gros beauf et une espèce de bobo. Au bout du compte, le bilan environnemental du bobo était pourri parce qu'après tous ses efforts, il se payait une semaine de repos en Thaïlande...