Le Forum de Lyon en Lignes

Ils en parlent avec passion. Et les plus anciens, qui ont conduit le tram A dès ses débuts, en 1987, se souviennent avoir ressenti la même joie qu’un gamin recevant son premier train électrique. Ils se souviennent aussi de l’enthousiasme des Grenoblois : « Les premières semaines, tout le monde nous photographiait. Les gens allaient jusqu’au terminus et ne voulaient plus descendre. Le dimanche, des personnes âgées faisaient trois ou quatre tours d’affilée, pour le plaisir. » Souvenirs, souvenirs.

Dominique Belleville : « Le lendemain matin de mon habilitation, en juin 1988, j’ai pris les commandes du tram : j’ai fait 50 m et il a fallu faire un poussage (NDLR : par le tram qui arrive derrière), et c’est Blandin qui m’a poussé. Le plus drôle, c’est que la veille, on avait tous les deux effectué un poussage, lors de notre habilitation.

« Moi, je préfère faire du tram, et toujours sur la ligne A, mais si je dois faire du bus, je ronchonne un peu mais je le fais. La conduite d’un tram est plus stressante que celle d’un bus, pas à cause des voitures, mais à cause des vélos. »

François Carrara : « Depuis 1987, je ne conduis que le tram A. Tout au début, je me souviens être une fois parti avec dans le tram un landau et un bébé, alors que la maman, descendue pour poinçonner son ticket, n’avait pas eu le temps de remonter ! Les autres passagers m’ont prévenu mais 500 m après, alors j’ai averti le PC qui a envoyé un contrôleur pour récupérer le landau et le bébé. Je me souviens d’une autre fois où, sous le pont près de la gare SNCF, un pigeon était rentré par la fenêtre ouverte de ma loge (NDLR : la cabine de pilotage) et n’arrivait plus à sortir. C’est Gomez qui m’a ramené chez moi, dans un état !… Une autre fois, sous le passage SNCF, je suis sans doute le seul à la Tag à avoir fait un poussage à trois trams. »

« À l’époque, le tram, c’était une révolution ! »
Guy Munoz : « Le tram, c’est plus facile, plus agréable à conduire que le bus. Il y a quelques années, je conduisais avec la porte de ma loge ouverte, mais plus maintenant, je préfère être au calme. Mon meilleur souvenir, c’est peut-être le jour où, en prenant mon service, j’ai annoncé au micro “La Sémitag vous souhaite une excellente journée” et autres amabilités, alors même que Marchal, le directeur de la production, était dans la rame et est venu me dire que j’en faisais peut-être un peu trop…

« On se souvient tous aussi de certains habitués, comme par exemple ce type qu’on appelait “3 pattes” parce qu’il était unijambiste et marchait avec deux béquilles ; qu’est-ce qu’il puait ! »

Valérie Payet : « Je suis “assureur”, j’effectue le remplacement de conducteurs absents inopinément. Je conduis donc les trams, les bus, le minibus PMR. Je peux travailler sur les trois dépôts (Eybens, Sassenage, Gières) et, quand je prends mon service, je ne sais pas ce que je vais faire dans la journée. J’ai une petite préférence pour le tram. »

Jean-Pierre Stillitano : « J’ai fait les trams A, B, C et D. Pour le parcours, le mieux, c’est la ligne A. Pour la sécurité, c’est la C. Et pour la tranquillité, c’est la B. »

Robert Pradal : « J’étais conducteur de bus depuis 1978 et j’ai passé mon habilitation tram en 1990 pour évoluer ; je suis aujourd’hui responsable d’exploitation du site de Sassenage. »

Jean-Marc Sabadel : « Je suis le doyen, j’ai conduit le tram A le 4 juin 1987, le lendemain de mon habilitation. À l’époque, le tram, c’était une révolution, on avait l’impression de passer de l’âge de pierre au modernisme. Le tram a changé notre façon de travailler, en amenant la rigueur. La grande différence entre la conduite d’un bus et d’un tram, c’est qu’avec un bus, c’est comme en voiture : s’il y a un obstacle, on espère jusqu’au dernier moment pouvoir l’éviter. Avec un tram, si on roule à 40 km/h et qu’une voiture est arrêtée sur les rails, on sait qu’on ne pourra pas l’éviter. »

Recueilli par Vincent PAULUS le 13/11/2012

• la ligne 15 (Gare SNCF — Échirolles Le Canton), le long de laquelle le tramway a été construit, laisse la main à la ligne A est est limitée au tronçon Grand’Place / Le Canton ;
• les deux antennes de la ligne de trolleybus 31 (Meylan Les Béalières — Grand’Place / Eybens ) sont fusionnées, afin de profiter de l’attrait du tramway : la ligne fait un crochet par Grand’Place depuis les Maisons Neuves avant de rejoindre Eybens en passant devant le dépôt.

En 2014 se profile à l’horizon, la Ligne E de tramway. Sa mise en service implique la circulation de nouvelles rames.
Le SMTC a choisi, dans cet objectif, de rénover 14 véhicules TFS de 1ère génération, mis en service en 1987. Une opération 5 fois moins onéreuse que l’achat de nouvelles rames !