Le Progrès, 2 février
[align=center]Chère, très chère... trop chère auto ?[/align]
La voiture représente toujours le moyen de déplacement préféré des Français malgré la hausse du carburant. Et si les usagers ne calculaient pas le vrai prix de leur auto ?
A moins d’habiter la Bretagne où les quatre-voies sont gratuites, la hausse du prix des péages autoroutiers ne passe pas inaperçue. Hier, les tarifs ont été relevés de 1,18 à 2,29%. Ces augmentations interviennent dans le cadre de contrats passés avec l’État, font valoir chaque année les gestionnaires.
Ce début d’année ne commence pas fort pour les automobilistes. L’essence aussi flambe, avec 0,04€ de plus pour un litre de diesel depuis le 1er janvier (+2,9%) et 0,056€ pour le SP 98 (+3,6%), selon carbeo.com, un site internet spécialisé. La hausse la plus forte concerne le SP 95, utilisé par environ 15 % des automobilistes : + 0,079€.
La hausse du prix du baril de pétrole n’est pas étrangère à cette évolution. L’arrêt progressif du mécanisme instauré l’été dernier par le gouvernement non plus. Une mesure qui a d’autant plus de mal à passer qu’elle devait être remplacée par un dispositif pérenne.
Pour Daniel Quéron, président de 40 millions d’automobilistes , il s’agit d’« une nouvelle désillusion pour les automobilistes qui espéraient une baisse des prix ». Pour autant, 73% des actifs utilisent la voiture pour se rendre au travail, selon l’Insee, soit 18 millions de personnes, contre 15% pour les transports en commun, 8% la marche à pied, et 4% les deux-roues. Surtout, les distances parcourues s’allongent : + 20% entre 1994 et 2008. Une conséquence de la hausse de l’immobilier en ville.
Le car moins cher que le train Corail ou le TGV
Paradoxalement, selon les économistes, les carburants n’augmentent pas et seraient même moins cher qu’il y a quarante ans. « En 1970, il fallait travailler 20 minutes au smic pour pouvoir acheter un litre d’essence. Aujourd’hui, il faut moins d’une dizaine de minutes pour obtenir ce même litre », indique Jean-Marie Beauvais, consultant et auteur d’une étude sur le prix des transports réalisée pour le compte de la fédération nationale des associations des usagers des transports (Fnaut). Sur cette période, c’est le poste entretien qui a le plus progressé (+78%).
En juin 2012, on estimait que le budget annuel d’un automobiliste roulant en Clio essence s’élevait à 5976€. Plus que l’essence, c’est le coût d’usage de la voiture qui plombe le budget des ménages, selon la Fnaut : « Les automobilistes ne le calculent pas dans sa globalité, sinon ils se tourneraient vers d’autres modes de transport ».
Pour les déplacements longue distance (plus de 80 km), l’autocar est meilleur marché, (0,07€ par voyageur par kilomètre), suivi du train Corail (0,09€), du TGV (0,11€), de la voiture (0,19€, dont 6,5 pour le carburant et les péages), Dans l’étude de la Fnaut, elle ressort plus cher que l’avion (0,15€ pour une compagnie traditionnelle).
Pour les déplacements de proximité, la Fnaut trouve les coûts du transport collectif 2,5 fois moins cher que ceux de la voiture. Sont-ils trop marginaux ? Ceux du vélo ou de la marche n’ont pas été étudiés.
Source
http://www.leprogres.fr/france-monde/20 ... chere-auto [align=center]Yves Crozet - Professeur à l’IEP de Lyon, laboratoire d’économie des transports. La hausse du prix du carburant est souhaitable[/align]
Professeur à l’IEP de Lyon, laboratoire d’économie des transports
La hausse du prix de l’essence, impression ou réalité ?
« Il est aujourd’hui à pratiquement 1,40€ le litre de gazole et il était pratiquement à un euro au début de l’année 2007. Ensuite, il faut comparer ce prix-là à l’augmentation des revenus. On s’aperçoit alors que le prix de l’essence n’augmente pas. En 1970, avec une heure de travail au Smic, on achetait 3 litres d’essence. Là-dessus est intervenu le premier, puis le second choc pétrolier. Au début des années 1980, avec une heure de smic, on continuait à acheter 3 litres d’essence. Puis est venu le contre-choc pétrolier. Depuis le milieu des années 1990, avec une heure de smic, on achète environ six litres d’essence.
La hausse ne touche pas tout le monde de la même façon…
« Les ménages sont dans une situation très inégale. Ceux qui habitent en zone urbaine peuvent accéder aux transports en commun, se déplacer à pied ou à vélo, sont beaucoup moins affectés qu’un ménage avec deux membres actifs dont chacun fait entre 30 et 40 kilomètres par jour pour aller travailler. Ceux-ci sont obligés de faire du covoiturage, de se reporter sur des véhicules plus petits, ou de réduire les déplacements.
Baisser les prix n’est pas la bonne solution ?
Pour inciter les constructeurs à vendre et les ménages à acheter des voitures qui consomment 2 l/100 km, il faut que l’essence soit à trois euros le litre. Grâce à la hausse du carburant, on a en France des véhicules qui consomment deux fois moins que ceux du parc nord-américain.
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http://www.leprogres.fr/economie/2013/0 ... ouhaitable [align=center]Vers des transports gratuits ?[/align]
Depuis le 1er janvier, les 420000 habitants de Tallinn peuvent prendre le bus et le tram sans payer. La capitale estonienne devient ainsi la première en Europe à instaurer la gratuité des transports publics et entend ainsi réduire les embouteillages et la pollution. Les recettes couvrant près d’un quart des coûts du transport public, la municipalité estime le coût de la mesure atteindra 12,4 millions d’euros par an. En France, la pratique concerne surtout les petites agglomérations de 25000 habitants, observe le groupement des autorités responsables de transport (Gart). Au total, 23 réseaux (Aubagne, Châteauroux, Gap, Bar-le-Duc...) ont fait le choix de la gratuité totale. Vu le coût d’une ligne de tram et les difficultés qu’ont les collectivités pour financer les infrastructures, le Gart estime que « les recettes tarifaires demeurent une source de financement dont il est difficile de se priver ». « C’est une mauvaise idée », appuie Yves Cozet, économiste. « Avec la gratuité, les infrastructures sont sur-utilisées, voire se dégradent. Et cela n’incite pas forcément les automobilistes à laisser le véhicule au garage ! »
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http://www.leprogres.fr/social/2013/02/ ... s-gratuits [align=center]Autoroutes : le jackpot perdu[/align]
Opacité des tarifs, inégalités entre automobilistes, augmentations supérieures à l’inflation et pas justifiées par de nouveaux services… Un rapport accablant sur les tarifs autoroutiers pour le compte de l’association 40 millions d’automobilistes estime que les usagers « se sentent davantage dans la peau d’otages rackettés que de clients consentants ».
Selon le rapport, depuis 2005, dernière année avant la privatisation, les ASF (groupe Vinci), et APRR (groupe Eiffage), ont vu leurs recettes s’envoler (+ 18% et + 19,65%) tandis que les charges stagnaient (+ 4,6% et + 0,46 %). Conséquence : les bénéfices d’ASF ont bondi de 77,8% en 6 ans et ceux d’APRR de… 103% malgré des baisses notables de trafic (-3,5% pour les camions en 2012). Selon un porte-parole des sociétés d’autoroutes, « avant la privatisation, les péages augmentaient de 2 % en moyenne par an, et la hausse a continué au même rythme depuis 2006 ».
Reste que l’État s’est privé d’une belle manne en vendant les autoroutes : il empoche 40% des recettes au péage mais laisse 45% aux actionnaires de Vinci, Eiffage, etc.
Source
http://www.leprogres.fr/societe/2013/02 ... kpot-perdu