CEVA / Leman Express
Publié : 21 mars 2009, 16:19
Un article du 17 mars à propos du secteur Thonon / Annemasse et désenclavement du Chablais :
« Les récentes polémiques sur la position de la Région relatives au désenclavement du Chablais sont totalement infondées et inutiles » !
Voilà une introduction sans équivoque pour le point presse organisé par la Région Rhône-Alpes à Annemasse afin de présenter le bilan d’ensemble du désenclavement du Chablais. Ces propos tenus par le président Queyranne font référence aux récentes décisions de stopper tous financements routiers relevant de facto de la compétence du Conseil Général après la fin du contrat de plan Etat – Région 2000 – 2007. Mais cela étant, la part annoncé dans les projets en cours a bien été apportée comme les 54,3 M€ alloués à la Haute-Savoie dont 25 unités ont co-financé le contournement de Thonon les bains soit 20 % du budget routier régional.
Pour Jean-Jacques Queyranne ... « Il revient maintenant au Conseil Général d’assumer les financements et les maîtrises d’ouvrages des projets routiers qui sont de ses compétences et conformes à la loi. ...».
Mais la réunion presse du 16 mars s’est essentiellement orientée vers le transport ferroviaire qui reste le cheval de bataille des transports pour la Région qui entend bien garder cette ligne de conduite en assurant l’évolution et la modernisation d’autres lignes, TER cette fois.
L’occasion de faire un bilan du désenclavement ferroviaire du Chablais depuis la mise en place du cadencement en décembre 2007. En clair pour la clientèle chablaisienne, de 2007 à janvier 2009 on est passé de 10 à 15 dessertes directes entre Evian et Genève Eaux Vives ainsi que de 13 à 18 dessertes entre Evian et Annemasse. L’offre a donc été réévaluée à + 30% dont 20 % pour les frontaliers) pour une fréquentation de + 15% en majorité sur l’axe Evian – Annemasse – Genève.
Le bilan au détail présente une meilleure accessibilité vers les dessertes TGV en prise à Bellegarde par le biais notamment de 2 allers-retours en autocar depuis Evian pour pouvoir attraper les TGV vers le sud de la France. Le réseau « étudiants » aillant lui aussi bénéficié d’un aller-retour supplémentaire avec Chambéry et Grenoble.
L’utilisation des autocars souvent critiquée reste justifiable pour la Région qui évoque leur mise en place lorsque l’incapacité technique ne permet pas de faire circuler un train (forte charge des sillons, limitation des croisements) ou que le coût unitaire appelé aussi « train/km » n’est pas rentable en regard de l’utilisation d’un train de 120 places minimum et de son personnel de bord là où un bus de 55 places reste suffisant et offre une meilleure souplesse d’exploitation. Ces paramètres n’entrent bien sûr pas en ligne de compte pour les bus de substitution pour travaux ou lors de situations perturbées.
Coté rail le contingent de nouveaux Autorails à Grande Capacité de 220 places est au complet, soit 15 engins qui sont engagés quasiment exclusivement sur la Haute-Savoie, tant en relation avec Lyon que pour les dessertes locales les plus fines comme Annemasse – Eaux-Vives. La modernisation du matériel plus ancien poursuit son cours et les trains à deux niveaux sont de plus en plus nombreux du fait de l’arrivée progressive du même matériel mais de nouvelle génération sur l’étoile lyonnaise. Pour sceller la troisième et dernière phase du cadencement, Rhône-Alpes a enjoint la SNCF à adapter les jours de circulation pour les frontaliers chablaisiens et de programmer des correspondances cohérentes à Bellegarde avec les futures liaisons TGV par la ligne du Haut-Bugey.
Des gares à revoir :
Le bilan TER s’est aussi tourné vers l’avenir et le sujet très épineux d’adaptation des gares de Thonon et Evian en termes de capacité de stationnement et d’accessibilité.
A Evian, le ravalement de façade et le réaménagement de la place de la gare datent déjà de 2003 (juste avant le G8) mais l’état de la façade coté quai (partie SNCF) et même l’ensemble des quais attendent encore un coup de neuf. La grande verrière subit les assauts du temps alors que le chantier de rénovation, pourtant annoncé immédiat en 1999, n’est toujours pas lancé. Rhône-Alpes annonce d’emblée que 350 000 €, sur les 2 M€ de coût total, seront attribués à ce chantier non seulement d’un point de vue esthétique pour le service TER mais surtout en raison de la valeur patrimoniale de l’édifice.
Si le rehaussement des quais est incontournable, les divergences s’affichent concernant la création d’une traversée piétonne par une passerelle (supplémentaire) sur la voie afin d’ajouter un lien entre les deux parties de la ville et d’éviter les intrusions sauvages de citadins entre le centre-ville et le quartier du Benevy.
Selon la Région, la facture de 2,6 M€ avancée par RFF pour l’ensemble des travaux n’efface pas une viabilité insuffisante. Le problème se pose quand à la traversée des voies situées sous la verrière coupant en deux les voies de stationnement des rames et ajoutant des problèmes d’exploitation. Son déport en bouts de quais obligerait à un « accompagnement humain » des traversées de voyageurs puisque situées de fait à l’opposé du bâtiment voyageurs.
La Région compte classer Evian comme gare terminus de niveau 2 au Schéma Directeur Régional d’Accessibilité TER (SDRA). En clair, la priorité reste donnée à Annemasse et Thonon inclus dans l’appel de projet de modernisation et de restructuration des gares lancé en janvier et qui concerne 14 points d’arrêts TER de Rhône-Alpes.
Thonon les bains vient d’entrer dans le Giron du Contrat de Projet Etat/Région 2007 – 2013. Le projet est ambitieux mais logiquement attendu puisque visant à remodeler la vaste cours de débords aujourd’hui amplement inutilisée et consommatrice d’un espace suffisant pour réorganiser toute l’interface ville/train en plateforme inter-modale, tant pour les transports collectifs que pour le stationnement des pendulaires frontaliers, justement contactés (leurs groupements) par la Région pour évaluer les besoins.
A Annemasse la problématique est à peine différente avec en plus un terrain encore plus vaste, partagé entre trois communes et qui attend d’offrir un visage bicéphale entre France et Suisse, intimement lié au projet CEVA qui va lui même être l’aiguillon qui va « exciter » la fréquentation des TER vers le Chablais.
Coté infrastructures enfin, le chantier de mise en place d’une signalisation automatique et de la télécommande centralisée sur l’axe Bellegarde – Annemasse suit son cours. Légèrement retardé, ce chantier permettra à terme de rendre opérationnel l’aménagement identique réalisé sur la branche du Chablais en 2007.
Il était en effet impossible d’augmenter le nombre de dessertes entre Evian et Annemasse alors que l’exploitation se fait encore « à l’ancienne » au-delà vers Bellegarde, ce qui risquerait de rendre incohérent le cadencement horaire. Les 16 M€ voués à la branche « genevois » seront complétés, comme prévu, à hauteur de 5 M€ pour la branche vers La Roche sur Foron en partenariat avec le Conseil Général de Haute-Savoie, la communauté de communes du Pays Rochois et la Communauté d’Arve et Salève. Et ce toujours en ombre chinoise du CEVA qui va catalyser l’ensemble de ces restructurations.
Rhône-Alpes y concèdera d’ailleurs 30 M€, pour la partie française vers la frontière mais incluant aussi les chantiers des gares d’Annemasse, Thonon et Evian … la boucle est bouclée et le désenclavement du Chablais semble aujourd’hui s’apparenter à un vaste maillage ferroviaire régional à vocation internationale, bien loin d’un simple contournement routier « isolé » ne suffisant qu’à l’agglomération qu’il contourne mais certainement pas à l’ensemble des déplacements individuels et routiers qui gravitent – péniblement – autour !
Daniel Zorloni
« Les récentes polémiques sur la position de la Région relatives au désenclavement du Chablais sont totalement infondées et inutiles » !
Voilà une introduction sans équivoque pour le point presse organisé par la Région Rhône-Alpes à Annemasse afin de présenter le bilan d’ensemble du désenclavement du Chablais. Ces propos tenus par le président Queyranne font référence aux récentes décisions de stopper tous financements routiers relevant de facto de la compétence du Conseil Général après la fin du contrat de plan Etat – Région 2000 – 2007. Mais cela étant, la part annoncé dans les projets en cours a bien été apportée comme les 54,3 M€ alloués à la Haute-Savoie dont 25 unités ont co-financé le contournement de Thonon les bains soit 20 % du budget routier régional.
Pour Jean-Jacques Queyranne ... « Il revient maintenant au Conseil Général d’assumer les financements et les maîtrises d’ouvrages des projets routiers qui sont de ses compétences et conformes à la loi. ...».
Mais la réunion presse du 16 mars s’est essentiellement orientée vers le transport ferroviaire qui reste le cheval de bataille des transports pour la Région qui entend bien garder cette ligne de conduite en assurant l’évolution et la modernisation d’autres lignes, TER cette fois.
L’occasion de faire un bilan du désenclavement ferroviaire du Chablais depuis la mise en place du cadencement en décembre 2007. En clair pour la clientèle chablaisienne, de 2007 à janvier 2009 on est passé de 10 à 15 dessertes directes entre Evian et Genève Eaux Vives ainsi que de 13 à 18 dessertes entre Evian et Annemasse. L’offre a donc été réévaluée à + 30% dont 20 % pour les frontaliers) pour une fréquentation de + 15% en majorité sur l’axe Evian – Annemasse – Genève.
Le bilan au détail présente une meilleure accessibilité vers les dessertes TGV en prise à Bellegarde par le biais notamment de 2 allers-retours en autocar depuis Evian pour pouvoir attraper les TGV vers le sud de la France. Le réseau « étudiants » aillant lui aussi bénéficié d’un aller-retour supplémentaire avec Chambéry et Grenoble.
L’utilisation des autocars souvent critiquée reste justifiable pour la Région qui évoque leur mise en place lorsque l’incapacité technique ne permet pas de faire circuler un train (forte charge des sillons, limitation des croisements) ou que le coût unitaire appelé aussi « train/km » n’est pas rentable en regard de l’utilisation d’un train de 120 places minimum et de son personnel de bord là où un bus de 55 places reste suffisant et offre une meilleure souplesse d’exploitation. Ces paramètres n’entrent bien sûr pas en ligne de compte pour les bus de substitution pour travaux ou lors de situations perturbées.
Coté rail le contingent de nouveaux Autorails à Grande Capacité de 220 places est au complet, soit 15 engins qui sont engagés quasiment exclusivement sur la Haute-Savoie, tant en relation avec Lyon que pour les dessertes locales les plus fines comme Annemasse – Eaux-Vives. La modernisation du matériel plus ancien poursuit son cours et les trains à deux niveaux sont de plus en plus nombreux du fait de l’arrivée progressive du même matériel mais de nouvelle génération sur l’étoile lyonnaise. Pour sceller la troisième et dernière phase du cadencement, Rhône-Alpes a enjoint la SNCF à adapter les jours de circulation pour les frontaliers chablaisiens et de programmer des correspondances cohérentes à Bellegarde avec les futures liaisons TGV par la ligne du Haut-Bugey.
Des gares à revoir :
Le bilan TER s’est aussi tourné vers l’avenir et le sujet très épineux d’adaptation des gares de Thonon et Evian en termes de capacité de stationnement et d’accessibilité.
A Evian, le ravalement de façade et le réaménagement de la place de la gare datent déjà de 2003 (juste avant le G8) mais l’état de la façade coté quai (partie SNCF) et même l’ensemble des quais attendent encore un coup de neuf. La grande verrière subit les assauts du temps alors que le chantier de rénovation, pourtant annoncé immédiat en 1999, n’est toujours pas lancé. Rhône-Alpes annonce d’emblée que 350 000 €, sur les 2 M€ de coût total, seront attribués à ce chantier non seulement d’un point de vue esthétique pour le service TER mais surtout en raison de la valeur patrimoniale de l’édifice.
Si le rehaussement des quais est incontournable, les divergences s’affichent concernant la création d’une traversée piétonne par une passerelle (supplémentaire) sur la voie afin d’ajouter un lien entre les deux parties de la ville et d’éviter les intrusions sauvages de citadins entre le centre-ville et le quartier du Benevy.
Selon la Région, la facture de 2,6 M€ avancée par RFF pour l’ensemble des travaux n’efface pas une viabilité insuffisante. Le problème se pose quand à la traversée des voies situées sous la verrière coupant en deux les voies de stationnement des rames et ajoutant des problèmes d’exploitation. Son déport en bouts de quais obligerait à un « accompagnement humain » des traversées de voyageurs puisque situées de fait à l’opposé du bâtiment voyageurs.
La Région compte classer Evian comme gare terminus de niveau 2 au Schéma Directeur Régional d’Accessibilité TER (SDRA). En clair, la priorité reste donnée à Annemasse et Thonon inclus dans l’appel de projet de modernisation et de restructuration des gares lancé en janvier et qui concerne 14 points d’arrêts TER de Rhône-Alpes.
Thonon les bains vient d’entrer dans le Giron du Contrat de Projet Etat/Région 2007 – 2013. Le projet est ambitieux mais logiquement attendu puisque visant à remodeler la vaste cours de débords aujourd’hui amplement inutilisée et consommatrice d’un espace suffisant pour réorganiser toute l’interface ville/train en plateforme inter-modale, tant pour les transports collectifs que pour le stationnement des pendulaires frontaliers, justement contactés (leurs groupements) par la Région pour évaluer les besoins.
A Annemasse la problématique est à peine différente avec en plus un terrain encore plus vaste, partagé entre trois communes et qui attend d’offrir un visage bicéphale entre France et Suisse, intimement lié au projet CEVA qui va lui même être l’aiguillon qui va « exciter » la fréquentation des TER vers le Chablais.
Coté infrastructures enfin, le chantier de mise en place d’une signalisation automatique et de la télécommande centralisée sur l’axe Bellegarde – Annemasse suit son cours. Légèrement retardé, ce chantier permettra à terme de rendre opérationnel l’aménagement identique réalisé sur la branche du Chablais en 2007.
Il était en effet impossible d’augmenter le nombre de dessertes entre Evian et Annemasse alors que l’exploitation se fait encore « à l’ancienne » au-delà vers Bellegarde, ce qui risquerait de rendre incohérent le cadencement horaire. Les 16 M€ voués à la branche « genevois » seront complétés, comme prévu, à hauteur de 5 M€ pour la branche vers La Roche sur Foron en partenariat avec le Conseil Général de Haute-Savoie, la communauté de communes du Pays Rochois et la Communauté d’Arve et Salève. Et ce toujours en ombre chinoise du CEVA qui va catalyser l’ensemble de ces restructurations.
Rhône-Alpes y concèdera d’ailleurs 30 M€, pour la partie française vers la frontière mais incluant aussi les chantiers des gares d’Annemasse, Thonon et Evian … la boucle est bouclée et le désenclavement du Chablais semble aujourd’hui s’apparenter à un vaste maillage ferroviaire régional à vocation internationale, bien loin d’un simple contournement routier « isolé » ne suffisant qu’à l’agglomération qu’il contourne mais certainement pas à l’ensemble des déplacements individuels et routiers qui gravitent – péniblement – autour !
Daniel Zorloni