Bonjour à tous,

Nous avons depuis quelques jours un peu plus de matière pour discuter, avec la divulgation des premières esquisses d'avant-pré-conclusions préliminaires de la Cn Balladur. Bon ça ne casse pas des branches, à peine un pauvre article dans les Echos est à peu près exhaustif. Et j'ai le sentiment que les travaux sont manifestement quelque peu bâclés cette fois. Bref, on verra à la lecture du rapport.
Les premières conclusions sont intéressantes, manifestement plus innovantes qu'attendu. Je suppose que les collègues de P. Mauroy ont fini par trouver la tronçonneuse, on ne peut pas les taxer de passéisme. J'aime beaucoup la formule, certes excessive, mais juste sur le fond, employée par Désirs d'Avenir : "
Le comité Balladur s’apprête à dégoupiller la grenade de la réforme territoriale." Il y là une volonté manifeste de se démarquer du vieux rapport Mauroy, et de répondre aux attentes d'un pouvoir impatient... position est symptomatique du clivage qui s'instaure entre un Etat central et déconcentré de droite (mais jacobin !), et des collocs qui semblent s'ancrer durablement à gauche.
Sur l'intercommunalité plus directement, je suis assez surpris de la méthode radicale qui est proposée, dans un pays pourtant soucieux de ne pas sous-estimer les traditions et la coutume (caractère incrémental des politiques publiques françaises). Il s'agirait de faire émerger huit "métropoles" qui se verraient (apparemment) confier la compétence générale : Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Nice, et Nantes. On inverse les rôles, puisque désormais, ce sont les communes qui se voient exercer des compétences d'attribution, cad résiduelles. C'est peut-être plus efficace que la proposition socialiste attachée au statu quo, qui revenait à conserver les communautés d'agglo et les communautés urbaines, et de confier à ces dernières des compétences plus élaborées. Il y a une diversité telle de profils que cela est manifestement assez peu réaliste. En effet, comment vouloir réformer avec le même marteau la communauté
urbaine de Dunkerque (si si ! elle existe, il y a plus de 500,000 hab) et le Grand Lyon ?
Ceci dit, je trouve deux objections majeures aux avant-propositions du Comité Balladur
– Ma
première remarque touche le statu quo de la carte communale. On peut bien confier la compétence générale aux communautés urbaines, il n'en demeure pas moins que la carte communale actuelle est, dans bien des CU, impropre à la délégation de compétences au profit de ces mêmes communes. Je crois que les exemples de Lyon et de Lille sont particulièrement éloquents sur ce point. A Lyon, la situation de Villeurbanne est un cas d'école. Je ne veux en aucun cas minimiser l'identité villeurbannaise - ma mère patrie, je serais bien malvenu de taper dessus. Toutefois, il faut bien reconnaître que cette commune aurait mieux sa place dans un statut d'arrondissement, et ce même si, comme chris l'a souligné, le système PLM est très insatisfaisant.
Lille, quand à elle, est un exemple encore plus flagrant. Les tentatives d'annexion ont été au pire un échec, au mieux un boulet que la Mairie de Lille traîne encore, plus de trente ans après. Référez vous à l'exemple très intéressant de la fusion-association d'Hellemmes en 1978, qui nourrit toujours un débat sanglant entre les hellemmois rattachismes et séparatistes (guerre civile parmi 18,000 hab... sans rancune...) trentre-et-un ans après l'association. Depuis le temps qu'ils s'étripent, un métro est passé sous la "ville", et celle-ci n'aura pas eu, entres autres, les bénéfices du système lillois de médiathèque, ou encore de Maisons Folies (pôles culturels de Lille2004, qui continuent aujourd'hui avec Lille3000) comme tous les autres quartiers (quasi arrondissements) de Lille.
Résultat, Lille, avec ses deux communes associés, qui traînent pour le meilleur et surtout le pire à ses côtés, c'est moins de 20% de la population communautaire. Cela s'explique notamment d'un point de vue politique... car Lille, éternellement de gauche, concentre en son sein le tissus urbain que l'on voit habituelle en banlieue, tandis que la petite couronne est ancrée à droite. Toute politique d'annexion est donc morte née de ce simple fait... Mais c'est un sacré handicap du point de vue de la gouvernance, songez qu'il y a 85 communes dans la CUDL, contre 57 au Grand Lyon, avec 200,000 hab de plus pour ce dernier...En conclusion, on ne peut pas se contenter de remplacer un simple EPCI par un collectivité territoriale qui ait la compétence générale. Cela risque d'écraser complètement la commune, qui pourtant a son rôle à jouer, d'une part parce qu'elle n'a plus de compétence obligatoire dans les textes, et d'autre part parce que le découpage est impropre à ce qu'on lui confie des compétences. Plutôt que de faire comme cette proposition, autant supprimer la commune dans ces 'métropoles', ça coût moins cher. :idiot2:
Cette solution ne serait pleinement satisfaisante que si la réforme électorale permettait une véritable expression démocratique des citoyens, et si la carte communale était redessinée. La CUDL en avait fait la tentative il y a quelques mois, pour organiser l'espace communautaire en huit communes de tailles plus raisonnables. Malgré l'échec (dû principalement à la haine fratricide,pour caricaturer, entre Roubaix à ma gauche, et Tourcoing à ma droite), l'essai était relativement intéressant, et une intervention du législateur aurait sans nul doute permis de conduire, certes un peu autoritairement, à une situation satisfaisant tout le monde à long terme.
– Ma
deuxième remarque porte sur l'insertion de ces 'métropoles' dans l'imbrication dépt-région. Il est tout d'abord regrettable que la Région, qui portait en elle tant de potentiel, soit si vite remerciée. L'acte II de la décentralisation n'allait dors et déjà pas très loin, mais là, c'est presque enclencher la marche arrière. Je pencherais davantage pour l'idée de M. Pisani, à savoir de concevoir département comme une émanation déconcentrée de la région - et non l'inverse ; de la même façon que les DIREN/DRE/DRAC/etc sont le relais déconcentrée de l'Etat (d'ailleurs, la déconcentration est encore une question essentielle à laquelle
On n'a pas laissé la liberté de réfléchir au comité...). Bref, du
top to bottom et pas du
bottom to top, pour parler
in. Le département, on l'a dit et redit, a en effet toute sa pertinence pour les politiques sociales, insertion, handicap et vieillesse. Et il a vocation à s'articuler avec la métropole.
Là, le comité propose une solution qui semble résulter d'un arbitrage sec et expéditif entre les membres, en aucun cas quelque chose de bien cohérent. Nous verrons, encore une fois, à la lecture du rapport...
Il ne nous reste plus qu'à savourer l'entrée en guerre du parti socialiste

, qui saura alimenter le débat, en attendant que Balladur et ses collègues n'aient achevé la rédaction de leur rapport...
Entre nous, une question reste entière. Quel est le périmètre de la 'métropole' de Lyon ? St-Etienne et Bourgoin font-elles partie de la fête ? Si oui, ça promet, parce que vue les soucis que Sainté a avec ces messieurs les huissiers, la communauté risque d'apprécier !!!

Bonne soirée chers amis lyonnais
(snif snif) 