Amaury> Je ne sais pas si on va pouvoir prolonger ce débat ici...
En fait, je ne pense pas faire partie des noeud/noeuds passéistes à tort et à travers. Viens à l'agence, à l'occasion, tu seras probablement surpris de voir nos méthodes et notre production. Tu n'y trouveras pas de métier à tisser, ni de cheminée médiévale, ni d'animaux couchés sur une litière de paille bio changée amoureusement tous les jours après avoir été séchée au soleil, etc... etc...
Je ne suis pas nostalgique d'une époque révolue, ni d'une ambiance moyenageuse. Je vis avec mon temps, et en personne "raisonnable", je fais des arbitrages avec ce qui est à ma disposition. Ce qui n'interdit pas d'être critique, parfois très violemment, même si ici, je garde un ton policé parce que nous sommes dans un cadre privilégié sur le plan de la culture et des idées.
Ceci dit, je sais encore me servir d'une faux, tailler du bois, monter des meubles et faire usage d'un certain nombre d'outils pour travailler le fer, y compris le forger. (Ne me demandez pas de vous faire un sabre...
). Je comprends les gestes des métiers, qui me paraissent relever d'une culture bien plus importante que celle de l'argent et des montages financiers, surtout quand cette culture permet de garder une possibilité de continuer en cas de problème majeur (type Madmax ?). Et j'enrage de voir dans les musées et les brocantes des objets définitivement muets, des trésors dont l'usage et le tour de main a été volontairement perdu, dont les pièces nécessaires à leur fonctionnement ne peuvent plus être fabriquées nulle part, contemplés par des brigades de touristes en autocar dont la génération vieillissante doit assumer à des degrés divers une responsabilité dans cette perte.
Il me paraît juste important de conserver non pas une esthétique stérile du passé, mais plutôt une mémoire des processus intellectuels qui ont permis de préserver et transmettre des bases moins dépensières, moins outrancières parfois que celles que nous subissons maintenant, pendant la construction et le développement de notre civilisation.
Je sais évidemment qu'en habitant et travaillant à Lyon et Valence, je fais un choix correspondant à un "moindre mal" entre mes aspirations et mes possibilités, surtout et y compris financières. CE QUI NE VEUT PAS DIRE abandonner son âme dans ce choix. Mais il est évident que si l'infrastructure, les moyens de transports, les équipements (en clair les éléments nécessaires à une vie équilibrée, juste, équitable
et ne causant de tort à personne), sont disponibles ailleurs avec le même niveau et surtout, la même probabilité de durée dans le temps que dans l'agglo lyonnaise, le choix est vite effectué. Et il suffit que ce raisonnement soit tenu par seulement 20 millions de personnes, pour que l'on tienne le début d'un élément de réponse.
Parce que, rééquilibrer l'ensemble du territoire avec ces 20 millions de personnes provoque le décongestionnement des centres urbains actuels et la fin de la course à l'investissement pour garder un semblant de paix sociale au sein de ces fourmilières, de moins en moins gérables au fur et à mesure de leur croissance
Parce que, nourrir autrement ces personnes, conduit à repenser l'ensemble du principe de concentration de la distribution, de la production des biens, et de leur négoce
Parce que, avec la crise (?) actuelle, le problème d'avoir un emploi sera rigoureusement le même que les gens soient empilés à Lyon ou Paris, ou ailleurs
Parce que, on est toujours de quelque part, à quelques exceptions mutantes près (qui ont un peu tendance à trouver classe de vivre à Londres, Tokyo, ou ailleurs) et que donc le retour éventuel dans un coin de la France où quelques ancètres dorment au cimetière n'est pas forcément idiot.
Parce qu'il faudra bien loger, chauffer, éduquer, soigner ces personnes et que les moyens et outils de production locaux, les infrastructures nécessaires redeviendront quasi automatiquement rentables
Et, parce que ce modèle ne peut être viable que si certaines conditions économiques sont appliquée : suppression du modèle comptable mis en place il y a quelques années, exigeant comme critère absolu de rentabilité d'une "affaire" (quelle que soit son objet, sa taille, sa raison sociale, son chiffre d'affaires, et le nombre de salariés) d'avoir un taux à 2 chiffres (je résume...). A partir du moment où une affaire est à l'équilibre, considérer que "c'est suffisant" ne devrait pas/plus être mis à l'index.
Et tout ça,
pour répondre aux habituelles rengaines, sans que ce soit incompatible avec l'idée de mondialisation qui resterait le terrain de jeu de quelques frénétiques insatisfaits, qui emm...nt le monde à l'heure actuelle.
Et l'idée d'une taxation des produits "entrants" pour rééquilibrer la donne, ne me donne absolument pas d'urticaire. Les financements qui en résulteraient seraient parfaitement intégrés au fonctionnement général... Quand à celui qui évoquerait l'idée d'une excommunication pour trouble au libre échange, je pense qu'une qualification pénale du type "trouble à l'ordre public" pour commencer tranquillement, pouvant être aggravée en "trahison d'état" ou "atteinte à la souveraineté de l'Etat" en cas de difficultés d'interprétation, permettrait aussi de garder une sérénité indispensable.
Et tout ça, j'ai découvert que ça pouvait faire un bon début. Et que pas mal d'autres personnes, chacune dans son coin, étaient arrivées à la même conclusion... Et qu'il suffirait de quelques ingrédients pour approfondir.
Pour revenir à tes interrogations, avant de dire "qu'est ce qu'il faut faire", je commence par remarquer "ce qu'il ne faut pas faire", ou plus crûment "les conneries que certains ont faites, et qu'ils auraient été bien inspiré de ne pas faire", pour éviter, à mon niveau, de participer à de mauvaises actions similaires. Ca fait encore partie des sentiments possible, et il faudrait veiller à ce que cela ne devienne pas un luxe...