Salut,
Mm, la corrélation que tu évoques entre l'augmentation des prix de l'immobilier et les modes lourds (tram, métro ou autre...) n'a, à ma connaissance, pas été prouvée. J'avais vu un travail de l'Agence d'Urba autour des lignes T1 et T2 et aucune relation directe n'a pu être prouvée, tout comme la ligne A à Villeurbanne ou les le VAL de Lille... En réalité, la dynamique immobilière tient à un certain nombre de facteurs et même si les TCSP sont un argument marketing, leur impact n'est pas évident. On peut ainsi comparer la dynamique immobilière des coins sans TCSP avec celle de coins avec et on se rend compte... de rien du tout, justement !

C'est pareil (si les autres caractéristiques sont identiques/proches).
Quant à l'accroissement de l'urbanisation dans le périurbain que tu évoques, ça m'amène deux réflexions :
1. les communes, par le biais de leur Plan Local d'Urbanisme, déterminent elles-même le niveau d'extension urbaine qu'elles acceptent. Si on reprend les étapes que j'ai évoquées précédemment(*), elles n'accepteront généralement de constructions nouvelles que si elles sont dans l'étape 1 ou 4. Crois-moi, ça limite fortement !
2. Si les gens vont habiter à côté d'une station de TCSP pour l'emprunter, ça vaut toujours mieux que s'ils habitent en banlieue et se déplacent qu'en voiture. La question n'est pas uniquement celle de la distance au centre. Comme je le disais, la distance au centre entraine la facilité ou pas d'utiliser les modes alternatifs :
- si on est dans le centre, on peut se déplacer en modes doux ou TCSP
- si on est dans le périurbain non aménagé et sans TCSP, la voiture est considérée comme une évidence
et si on est dans la banlieue sans TCSP ? On peut utiliser les TC. Mais on peut aussi circuler en voiture et particulièrement de périphérie à périphérie, là où les TCSP ne seront jamais pertinents parce qu'il ne s'agit pas de polarités, ni de corridors.
Si les gens vont s'installer dans le périurbain parce qu'il y a un TCSP et qu'en plus c'est aménagé comme à Saint-Marcel-en-Dombes, ils peuvent avoir un mode de vie plus soutenable que beaucoup de personnes vivant en ville. Le problème n'est donc pas la distance au centre mais :
- la présence ou non de TCSP
- la présence ou non d'aménagement permettant et rendant attractifs les modes doux
- l'organisation urbaine avec ou pas une centralité avec ou pas des commerces de proximité
-
le mode de vie des gens qui habitent là !
- le coût de l'énergie
Ne pensons pas qu'on résout les problèmes par des solutions aussi simple que "fini la périurbanisation !" ou "la grande ville, c'est mieux". C'est plus facile d'être écolo dans une grande ville. Mais être dans une grande ville ne garantit pas qu'on le soit et et on peut l'être dans le périurbain si certaines conditions sont réunies et
si, soi-même, on adopte certaines pratiques.

A +
Amaury
* Étape 1 : dans une ancienne commune rurale, pour ne pas voir fermer les commerces, on ouvre un lotissement
Étape 2 : les familles s'installent et comme ce sont des maisons, ce sont des familles avec enfants situés dans une classe d'âge proche
Étape 3 : les enfants grandissent et vont habiter ailleurs (Université...) mais la classe d'âge étant proche, d'un coup, les classes se vident / les parents ne déménagent pas tout de suite : les maisons sont occupées par des couples sans enfants
Étape 4 : on construit une nouvelle extension urbaine pour ne pas voir les classes fermer...[br]
: Samedi 31 Octobre 2009 à 13:35:37[hr][/hr]Salut,
A la plage 75 de ce document (
http://www.urbalyon.org/sip6Internet/Af ... Fiche=4650), des éléments sur la périurbanisation et ce qu'ils appellent le phénomène d'éviction. J'insiste sur le fait que cet article vient de trois personnes du Laboratoire d'Économie des Transports qui, comme son nom l'indique, n'est pas un repaire de sociologues ou d'urbanistes...

A la page 84, dans un autre article, on voit un graphique sur les coûts cumulés (effort logement + effort transport). Le centre-ville est exclu et il y a donc bien un phénomène d'éviction. Attention toutefois à ne pas se tromper ! Ce ne sont pas les pauvres qui sont exclus des centres (ils y restent dans des ghettos ou alors alors ils sont relégués dans les quartiers d'habitat social en proche périphérie = "banlieues"), ce sont les classes moyennes et en particulier les familles.
On découvre (enfin, moi je découvre...

) la conjecture de Mogridge (en bas à gauche de la page 81) : "[...]
en zone urbaine, tout investissement routier a tendance à dégrader tendanciellement les vitesses moyennes des automobiles [...]".
La conjecture de Zahavi (
http://villes.blog.lemonde.fr/2009/10/1 ... nd-noumea/), pour rappel, est l'observation que les gens ont tendance à déterminer consciemment ou inconsciemment un temps maximum pour accéder à leur travail, leurs loisirs, etc. Comme plus on s'éloigne du centre, mois l'immobilier est couteux, beaucoup ont tendance à choisir la localisation qui leur coutera le moins cher tout en ne dépassant pas leur maximum de "budget-temps". Cette localisation est en théorie la plus éloignée possible dans les limites du budget-temps. C'est à partir de cette conjecture de Zahavi que certains d'entre nous sur ce forum pensent qu'il vaut mieux éviter d'amener T3 à Pont-de-Chéruy, voire Crémieu.
Je ne connais pas de travaux sur l'intermodalité dans une approche territorialisée. Je veux dire par là que je ne connais pas de travaux qui étudient la localisation des ménages par rapport au rabattement sur des lignes de TC. Parce que, c'est de ça dont on parle ! Là où la route est un réseau maillé qui ne varie que par les caractéristiques de ses branches (vitesse moyenne possible, congestion), les TC sont beaucoup plus complexes (la question des vitesses moyennes doit être reliée à la fréquence des différents branches donc les correspondances... et leur nombre !). En gros, j'émets l'hypothèse qu'une autoroute aura nettement plus d'impact sur la périurbanisation qu'un TCSP. Je pense en effet qu'il est possible de sortir d'une autoroute pour prendre des petites routes ou simplement des voiries urbaines alors qu'il est nettement moins pratique de quitter un TCSP pour prendre un bus urbain et particulièrement si sa fréquence n'est pas élevée !
Revenons à l'article. Un passage me fait bondir "
en développant des modes relativement lents comme le tramway"... Si même les économistes des transports confondent mode de transport et aménagement...

Ils ne se rendent pas compte qu'ils entretiennent une confusion préjudiciable à l'intérêt général ?! Quand on a, à Lyon, des lignes de métro A et B à 25km/h de vitesse commerciale et une ligne T3 au moins à 35, la moindre des choses, c'est de faire attention à ce qu'on dit... La phrase aurait pu être "
en développant des aménagements en site propre plus lents que précédemment (ex. tramways urbains)"...
On parle, dans notre cas, d'un TCSP rapide. Mais ça reste une liaison périphérie - centre. Si on analysait la proportion des gens habitant sur le prolongement potentiel de T3 entre Meyzieu et l'Est Lyonnais, combien seraient réellement concernés pour leurs déplacements domicile - travail ? Si on faisait une enquête à l'échelle de la population, combien seraient prêts à aller se rabattre sur T3 en habitant au fin fond de la cambrousse ? Combien seraient prêts, au contraire, à aller habiter pas loin d'une éventuelle station de TCSP pour ne pas du tout prendre leur voiture en cas d'utilisation du TCSP et pour profiter de la proximité des services ?
L'article insiste sur le fait que le phénomène d'éviction dont on a parlé est un phénomène qui n'est pas urbain et qui ne peut pas être réglé par un choix politique qui reposerait uniquement sur "stoppons la périurbanisation !". Dans ce cas, les loyers des zones non fermées au développement se mettraient de nouveau à grimper de manière exponentielle et, à mois de nationaliser la propriété foncière, on se retrouverait bien démunis... Remarquez les tenants de cette solution sont peut-être des collectivistes qui s'ignorent...

La question est donc bien : quelle périurbanisation acceptons-nous ? Oui à la proximité, à certaines formes de densité et de centralité, d'aménagements, etc. Mais que ces aménagements se fassent dans des centralités existantes ou autour des arrêts de TCSP. C'est le minimum qu'on puisse faire mais c'est aussi pas loin du maximum...

Il n'y a pas à opposer agglomération et campagne et si on prend en compte plus de phénomène que la simple question des transports, on se rend compte que c'est une erreur : les phénomènes de prix foncier/immobilier ou les questions d'intégration ont toute leur place.
A +
Amaury