Auvergne > Clermont-Ferrand 31/05/16 - 10h06
Les petites lignes ferroviaires d'Auvergne dans un état critique

Photo d'illustration - SALESSE Florian
En Auvergne, la quasi totalité des petites lignes ferroviaires connaîtra dans les dix ans des mesures de ralentissement de leur vitesse ou de suspension, selon un rapport de SNCF Réseau.
Daté du 23 mars 2016, le diagnostic de SNCF Réseau (le gestionnaire du réseau ferroviaire français, NDLR) sur les lignes ferroviaires d’irrigation en Auvergne-Rhône-Alpes est inquiétant. En de nombreux points, la sécurité risque de ne plus être assurée à brève échéance conduisant l’établissement public à anticiper des aménagements ou des fermetures.
Avec des composants « hors d’âge », les voies sont le principal point faible de ces lignes de faible circulation. Les rails, le ballast, les traverses sont parfois dans un tel état qu’ils obligent à des réductions de vitesse. De lourds investissements sont aussi jugés « impératifs » pour la signalisation jugée « obsolète ». SNCF Réseau évoque un phénomène, surtout rencontré en Auvergne, de « déshuntage ». Les passages de trains ne sont pas toujours reconnus par les systèmes de signalisation.
Depuis 2008, beaucoup a été fait. SNCF Réseau a investi 150 M€ sur ses fonds propres auxquels s’ajoutent les contrats de plan Etat-Région et l’effort particulier réalisé en Auvergne avec le plan Rail. Mais cela reste insuffisant. « Le réseau vieillit plus vite que la capacité du système à financer et à réaliser des travaux », note le rapport.
Dans les dix ans, il serait nécessaire d’investir 765 M€. C’est 200 M€ de plus que le financement consenti par SNCF Réseau, l’État et les régions Auvergne et Rhône-Alpes ces dix dernières années.
Faute de financement, le rapport liste les lignes pour lesquelles devraient être prises des mesures de réduction de la performance ou qui pourraient être suspendues dès cette année à l’image des sections Thiers-Montbrison et Volvic-Mont-Dore.
Diminuer les performances signifie clairement réduire les vitesses de circulation provoquant ainsi des temps de trajet plus longs. La menace est surtout très forte en Auvergne qui possède 812 kilomètres de petites lignes sur un total régional de 1 336. Le plan rail initié en 2008 par le conseil régional a mobilisé 213 M€, mais il s’agissait de répondre à l’urgence. En réalité, les besoins étaient déjà à l’époque estimés à 518 M€.
En Auvergne, « il reste peu de lignes immunes de ralentissements potentiels dans la durée, y compris les lignes traitées par le premier plan rail », précise SNCF Réseau qui entre ensuite dans le détail de ces lignes.
• Voici les points les plus préoccupants :
Aurillac-Brive. Le plan rail ne s’est pas appliqué hors d’Auvergne. SNCF Réseau cherche des solutions pour différer de trois ans la suspension d’exploitation fixée à mai 2017. « Les périodes automnales, prévient le document, seront perturbées ».
Aurillac-Figeac. D’Aurillac à Viescamp, le risque d’une limitation permanente de vitesse à 50 km/h, en l’absence de travaux, semble inévitable à compter de 2022.
Aurillac-Clermont. La traversée de cinq gares (Vic, Le Lioran, Murat, Neussargues et Massiac) est « critique ». De même que l’état de sept tunnels dont celui du Lioran « à traiter rapidement, voire en urgence ».
Béziers-Neussargues. La gare de Saint-Flour nécessite des travaux importants pour 1,5M€. « À défaut, un ralentissement sera à envisager en 2017, voire une suspension d’exploitation quelques années après ».
Clermont-Volvic. L’état du rail entre Volvic et Durtol est vétuste. Son remplacement devient urgent. Faute de quoi, l’avenir du tronçon n’est pas assuré. Un arrêt de la circulation est envisagé en 2022. La section Durtol-Clermont est pérenne.
Laqueuille-Le Mont Dore.Des travaux urgents en gare de la Bourboule sont impératifs pour « assurer la pérennité de la ligne à très court terme ».
Clermont-Thiers. La ligne est globalement modernisée. Pas d’urgence à traiter avant 2020.
Issoire-Brioude. La section entre Arvant et Brioude est obsolète et à renouveler à l’horizon 2020-2025. Point faible : la gare de Brioude dont les voies doivent être modernisées « sous peine d’arrêt des circulations au plus tard en 2018 ».
Brioude-Langogne. Un remplacement massif de traverses entre Saint-Georges d’Aurac et Langeac a été réalisée. La prochaine maintenance est prévue en 2017, faute de quoi un ralentissement à 40 km/h est à prévoir en 2018.
Saint-Georges d’Aurac-Le Puy. Des ralentissements apparaîtront si les rails et traverses ne peuvent être améliorés.
Le Puy-Firminy. Traitée en 2014, la ligne ne présente pas de gros chantiers.
Montluçon-Gannat. Les voies entre Montluçon et Lapeyrouse ont été modernisées. En revanche, la gare de Lapeyrouse est dans un « état extrêmement critique » et celle de Commentry « nécessite un traitement urgent ».
Saint-Germain-des-Fossés-Riom. Pas de signe de vétusté, pas de travaux de voie dans les dix ans.
Fort de ce constat, un bras de fer va maintenant s’engager dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. Laurent Wauquiez souhaite le renégocier.
« Mais attention, prévient un expert, même si on avait tous les financements nécessaires, on n’y arriverait pas. SNCF Réseau n’a pas les moyens humains et il n’existe pas en France assez d’entreprises sous-traitantes et formées à ce type de travaux pour rénover tout ce qui devrait l’être ».
Richard Benguigui
(*) Jointe, la direction régionale de la SNCF Rhône-Alpes-Auvergne n’a pas souhaité s’exprimer.
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