L'avez vous vu ?
http://carfree.fr/index.php/2017/01/11/ ... more-38356
http://www.france2.fr/emissions/tout-co ... e_homepage
Carfree a écrit :Tout compte fait, mieux vaut faire du vélo que de la voiture électrique
Publié le 11 janvier 2017 par Marcel Robert
Samedi dernier (7 janvier), la chaîne de télévision France 2 a fait honneur au service public lors de l’émission « Tout compte fait » intitulée « Villes: quand la voiture n’est plus la bienvenue ». L’émission était composée de deux reportages particulièrement intéressants, le premier sur la voiture électrique et le second sur la politique vélo de Copenhague au Danemark.
Faut-il passer à la voiture électrique?
Dans le premier reportage, on a assisté à une véritable contre-publicité pour la voiture électrique. Le titre du reportage partait pourtant mal: « Faut-il passer à la voiture électrique? » On pouvait s’attendre en effet à un nouveau plaidoyer pour la voiture électrique. Rien de tout cela! Rapidement, on apprenait que des milliers de voitures électriques d’occasion étaient en vente, souvent deux ou trois mois seulement après leur achat. La journaliste enquête auprès de certains d’entre eux afin de savoir pourquoi ils mettaient en vente leur voiture électrique achetée pourtant si cher. Réponse unanime: aucune autonomie! A chaque fois, les acheteurs évoquent une complexité trop grande d’utilisation avec la nécessité de planifier tous ses déplacements en tenant compte de la faible autonomie des voitures électriques et des difficultés pour les recharger.
Le plus drôle, c’est que la journaliste parvient quand même à trouver une utilisatrice de la voiture électrique « enchantée de son achat »: elle utilise sa voiture électrique régulièrement pour aller dans le centre de Bordeaux. Par contre, elle explique rapidement que pour certains de ses déplacements, elle utilise… sa bonne vieille voiture diesel. Et ce n’est pas pour partir en vacances à l’autre bout de la France, mais tout simplement pour faire des tournées professionnelles autour de Bordeaux. A chaque fois, la faible autonomie de la voiture électrique revient comme un leitmotiv…
C’est pourquoi, la journaliste va ensuite essayer au Portugal, à Lisbonne (on se demande bien pourquoi) la Zoé 2017, le modèle phare de chez Renault, censé rouler 400 kilomètres d’affilée. Le constructeur est en effet bien conscient des limites de la voiture électrique en matière d’autonomie. D’où l’idée de sortir un nouveau modèle de la Zoé dont l’argument publicitaire massue va être « une autonomie de 400 km ».
Les journalistes sont invités gracieusement tous frais payés par Renault à Lisbonne pour découvrir et essayer la Zoé 2017, après avoir pu aussi déguster moult petits fours. N’y voyez là aucune volonté d’influencer les journalistes…
A partir de là, le reportage devient franchement désopilant. La journaliste décide en effet de prendre au mot le constructeur et choisit sur la carte du Portugal une ville située à exactement 200 kilomètres de Lisbonne, à savoir Coimbra, afin de faire l’aller-retour dans la journée. Elle part ainsi avec sa Zoé 2017 sur l’autoroute de Coimbra et rapidement l’autonomie se met à fondre comme un glacier en Arctique. Alors qu’elle n’est même pas arrivée à Coimbra (soit moins de 200 kilomètres), elle doit sortir de l’autoroute pour trouver d’urgence une prise électrique. Elle se retrouve dans un petit village portugais et rencontre un habitant gentil et serviable qui lui propose de brancher sa Zoé 2017 sur le courant. Pas de bol, la recharge ne fonctionne pas, car selon Renault « dans certains cas, les prises de courant de fonctionnent pas ».
La journaliste est donc obligée d’appeler l’assistance de Renault qui vient la chercher… avec une voiture à essence. S’en suit un dialogue surréaliste entre la journaliste et le technicien Renault qui lui dit que c’est 400 km d’autonomie, mais pas sur l’autoroute. La journaliste demande alors si on peut prendre l’autoroute avec la Zoé 2017. Le technicien répond que oui on peut, mais il ne faut pas dépasser le 70 km/h. La journaliste explique que c’est dangereux de rouler à 70 sur l’autoroute et le technicien répond qu’on peut rouler à plus de 70, mais alors on n’aura plus les 400 km d’autonomie…
Copenhague, le royaume du vélo
Le seconde reportage s’intéresse à la ville du vélo, Copenhague au Danemark. De manière très complète, on découvre ou on redécouvre comment Copenhague est devenue à ce point vélo-amicale. Les lecteurs habituels de Carfree n’apprendront peut-être pas grand chose, mais il faut relever le fait qu’un tel reportage passe à 14h un samedi sur une chaine de télévision grand public.
Un rappel historique explique que Copenhague n’a pas toujours été le paradis des vélos. Durant les années 1950 et 1960, la ville s’est largement motorisée, comme la plupart des villes européennes. L’automobile était privilégiée et des centaines d’aménagements cyclables datant d’avant la guerre ont même été détruits pour faire de la place pour les voitures.
Le résultat n’a pas tardé: des embouteillages généralisés et une augmentation phénoménale de la pollution de l’air. Et c’est là que les choses ont commencé à changé. Au début des années 1970, avec les chocs pétroliers, l’essence devient très chère et les habitants n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Ils se mettent à réclamer massivement des aménagements cyclables pour pouvoir utiliser de nouveau un mode de déplacement particulièrement bon marché, le vélo! Sur une photo, on voit même une manifestation de plus de 100.000 personnes devant la mairie de Copenhague afin de réclamer des aménagements cyclables. Cela laisse songeur…
A partir de là, les politiques commencent à prendre les choses en main et vont reconstituer le réseau cyclable disparu de Copenhague. Ils vont même étudier sur de vieilles photographies comment était organisé le réseau cyclable afin de le reproduire… En tout, ils vont débloquer environ 300 millions d’euros sur plusieurs années pour développer massivement le réseau cyclable, en particulier des autoroutes cyclables pour les liaisons entre le centre de la ville et les banlieues. 300 millions d’euros, cela peut paraître beaucoup, mais cela représente à peine plus qu’une trentaine de kilomètres d’autoroutes…
A Copenhague, tout est fait pour le vélo, depuis le réseau cyclable permettant de circuler en toute sécurité, en passant par les ponts, tunnels ou passerelles réservés aux vélos (permettant d’éviter des croisements dangereux avec le flux motorisé), les pompes à vélo en libre accès, les marche-pied pour les cyclistes aux feux de circulation (afin que le cycliste puisse poser son pied de manière confortable en attendant le feu vert) ou même les poubelles destinées aux cyclistes sur les pistes cyclables (profilées de telle sorte qu’on puisse jeter ses détritus sans même avoir à s’arrêter).
Le résultat est éloquent, il reste bien sûr des voitures à Copenhague, mais les habitants se déplacent massivement à vélo, y compris les familles avec enfants avec des vélo-cargos qui se comptent pas milliers dans les rues de la ville. Et la ville a même le projet d’aller encore plus loin et d’éliminer quasiment la voiture de la ville pour être une « ville sans émissions de CO2 ».
Pour finir, le reportage rappelle un élément particulièrement important quant au succès de la politique vélo de Copenhague. Là-bas, les voitures neuves sont taxées à plus de 100%… Dit autrement, un automobiliste qui achète une voiture neuve qui vaudrait environ 20.000 euros en France la paye plutôt aux alentours de 40.000 euros. Un bon argument en faveur du vélo…
A+
nanar
"Si vous ne considérez pas le vélo urbain comme une partie de la solution pour l'aménagement des villes, vous êtes une partie du problème."