Je trouve que la démarche Jean-Marc Jancovici est très intéressante parce qu'elle pose une question de fond : on sait que notre mode de vie (par "notre", j'entends "développé") n'est pas extensible à l'ensemble de la population alors que justement, ce mode de vie dit "développé" se développe (en particulier en Chine). Suite à ce constat qui fait à peu près consensus (les émissions de GES d'origine humaine jouent un rôle dans le changement climatique), j'ai vu plusieurs positions plus ou moins conscientes chez les gens que je côtoie / lis / entends :
- Croire que la science trouvera une solution -> "y'a pas de problème / on change rien"
- et/ou souhaiter réduire la population humaine -> Malthus
- et/ou réduire l'empreinte carbone de chacun
- et/ou réserver le mode de vie "développé" à une minorité
Croire que la science sauvera notre mode de vie dit "développé"
avant qu'il ne soit trop tard, c'est faire un pari "un petit peu" risqué... En fait, au-delà même de la technique, on ne sait pas si on aura les moyens économiques d'y arriver... Et si on revient sur le plan scientifico-technique, bien qu'on améliore le bilan individuel de ce qu'on produit (une voiture pollue théoriquement beaucoup moins qu'il y a 30 ans), on compense systématiquement par une augmentation des consommations (on habite plus loin de son lieu de travail et on se déplace plus souvent donc on pollue globalement plus).
La posture "nous d'abord" est la moins assumée. Et pourtant, c'est celle que la plupart de nos concitoyens ont adopté (inconsciemment ?) en acceptant de réduire marginalement leur empreinte carbone mais sans revenir sur les principaux facteurs d'émissions. Comme je suis un gars positif, je crois justement que c'est parce qu'ils n'ont pas conscience des ordres de grandeur que JMJ aborde. A travers cette page Internet, je crois que JMJ s'adresse à ceux qui souhaitent adopter une vision globale, qui ne sont pas malthusiens et qui pensent que le pari sur la science est trop risqué en l'état actuel. Ceux-là cherchent à réduire leur empreinte carbone. Il leur offre des ordres de grandeur permettant de se rendre compte que même si c'est bien de réduire ses consommations d'électricité et d'eau en évitant les gaspillages, ce n'est pas comme ça qu'on sauvera l'écosystème si dans le même temps on continue à démultiplier les déplacements automobiles, les déplacements en avion, les livraisons non-optimisées, la consommation de viande issue de l'agriculture intensive, les produits manufacturés et particulièrement les "high techs", etc.
Personne n'est parfait (moi, pas plus que les autres !). Mais dans notre imperfection, connaitre les ordres de grandeur et pouvoir ainsi remettre en cause
de son propre chef ses pratiques, je trouve ça très bien. Et largement mieux que de se le voir imposer par d'éventuelles dictatures rigoristes. Je ne sais pas si vous connaissez la série
Handmaid's tale - la servante écarlate (actuellement sur OCS). C'est une dystopie. Dans un avenir proche, la population mondiale voit s'écrouler la fécondité, non plus pour des raisons culturelles mais biologiques (seule une minorité n'est pas stérile). Une partie des Etats-Unis (côte Est) est passée aux mains d'un courant religieux extrémiste dont le projet est avant tout moral mais qui, pour vanter ses mérites, se satisfait également d'avoir réduit de 78% les émissions de GES en 3 ans. Forcément, en instaurant une société très inégalitaire où beaucoup de choses sont interdites, on fait des "miracles"... Bref, si on pouvait éviter de voir ce genre de courants se développer en étant capables de nous-mêmes de réduire notre empreinte carbone, ça m'arrangerait...

... et sans parler des conséquences du changement climatique...
[edit : Un article présentant une réflexion plus avancée pour sortir du débat clivé “optimiste contre pessimiste” (et assez compatible avec Jean-Marc Jancovici sur la question du nucléaire) : https://atterrissage.org/quand-2-bobos- ... 09f01fd505]