alecjcclyon a écrit :Hum très instructif !
Tu m'as l'air d'être enseignant à l'entpe vu le discours que tu viens de tenir. Hâte de te voir enseigner,on se voit dans 3 ans si tout va bien

Nan, nan, "juste"
architecte. On a un métier qui est très peu connu, en tout cas du grand public, mais bien fantasmé (toujours par le grand public, et aussi par le cinéma, principal vecteur d'idées fausses), et qui n'a rien à voir avec le métier d'ingénieur.
Pour généraliser, l'ingénieur est spécialisé dans un domaine ; par goût personnel, il peut développer un appétit pour les sujets connexes, et cela donne de bon professionnels ; l'architecte, lui, doit avoir la connaissance générale et suffisamment précise de tous les domaines mis en jeu lors d'un projet, pour faire la synthèse, et faire en sorte que le projet final prenne en compte tous les paramètres. Et il discute / échange avec les ingénieurs pour mettre au point le projet et pousser les limites...
L'image la plus proche : celle du chef d'orchestre, qui connait tous les musiciens et tous les instruments de son orchestre, mais qui n'en joue aucun, et qui met pour l'éxécution d'une oeuvre tout le monde en ligne autour du projet et d'un résultat commun le plus proche possible de ce qu'il est possible d'obtenir en terme de qualité.
Comme il est amené à gérer et connaître et gérer beaucoup de paramètres, ce qui est parfois gênant parce que ça bloque des velléités affairistes, cette spécificité est constamment battue en brêche par 'les gens qui savent', qui ne voient pas que cette culture et ce fonctionnement permettent de contrôler toute la chaîne décisionnelle pour arriver au résultat au profit du client comme de l'entreprise. Comme ils pensent que l'architecte est un empêcheur de faire des affaires en rond sur le dos du client... un gros travail de lobby est à l'oeuvre depuis plusieurs années. Dénigrement larvé, réduction progressive du domaine de compétence avec la multiplication des intervenants contrôleurs, diagnostiqueurs et 'spécialistes' , le saucissonnage des missions en multiples interventions confiées à d'autres 'professionnels' etc. Efficace.
On doit connaitre un maximum de choses dans les domaines les plus larges et complémentaires possibles : toute la culture historique du pourquoi du comment de l'architecture et de l'urbanisme, toutes les normes applicables au bâtiment, mais également tout ce qui est nécessaire pour passer en pratique de l'idée / image à la réalisation, ce qui implique la connaissance de tous les métiers, de leurs gestes, de ce qui est possible comme ce qui ne l'est pas, de l'effet recherché, de la finition attendue, et des interfaces entre entreprises nécessaires pour y parvenir. Et bien évidemment, le coût normal et objectif de tout ceci...
Ça, c'est pour la phase pratique, le chantier. Mais en amont, il doit également intégrer ces connaissances pour l'élaboration du projet, prendre en compte les besoins, impératifs et consignes des clients, parfois leur tenir tête si les demandes sont inappropriées à ce qui est attendu, et surtout détecter ce qu'ils attendent réellement au delà de ce qu'ils expriment. Etonnamment, je me suis rendu compte que la plupart de leurs demandes ne sont pas exprimées, parce qu'il ne sont pas outillés pour ce faire, l'école (en France ) étant une véritable catastrophe sur le plan de la culture architecturale, de la lecture et de la compréhension de l'espace (3D), de la sensibilité à l'environnement.
A l'architecte de faire sortir ces points qui sont parfois plus importants pour le projet que ce qui a pu être dit ou écrit... et de mettre en forme l'ensemble, le rendre conforme à l'aspect règlementaire (urbanisme, règles de constructions, accessibilité PMR, règles de calcul thermique, ventilation, lumière, taille des fenêtres par rapport aux pièces, prise en compte des contraintes du terrain, des potentialités de ce terrain, des vues mochardes ou exceptionnelles, à combiner avec le programme des pièces nécessaires, etc. Et j'en oublie des wagons, chaque projet étant un prototype, en quelque sorte, différent de tous les autres projets pour toutes ces raisons entre parenthèses)
Tout ceci s'appuie sur plusieurs années d'études et de formation accumulée progressivement... et sur une pratique quotidienne constamment renouvelée. Comme dans tous métiers, on trouvera des gens dont la capacité de réponse sera variable, plus ou moins en phase avec les attentes du client, mais en règle générale, les professionnels actuels ont des compétences certaines pour effectuer un travail performant (qui est d'intérêt collectif aussi ; chaque bâtiment s'inscrit dans un ensemble, participe à la construction de l'espace collectif, se voit : il y a donc une obligation morale de faire le maximum pour un résultat correct).
Et ce que j'ai très fortement résumé en quelques lignes, qui ne peut traduire la consistance du job, est tout autant valable pour l'urbaniste opérationnel comme pour le paysagiste ; on ne sort pas un projet d'un tiroir de bureau en expliquant en 2 phrases que c'est ce qui convient au client. On laisse ce fonctionnement discutable à d'autres, plus marioles, plus envahissants aussi, et dont les dossiers contentieux dégoulinent sur tout le monde...
Il faudrait en parler, à dispo !
Pour sortir du HS, Nanar a très justement illustré ce qu'on peut faire 'd'autre' en matière d'aménagement urbain.

Merci pour l'indication de ce blog, qui correspond parfaitement à ma sensibilité !
Non pas que ce soit une solution à généraliser quel que soit le contexte et la configuration de la voirie, mais ce type d'équipement répond parfaitement à la demande en matière d'aménagement non permanent, et permet aussi de faire varier l'ambiance urbaine sur l'année
Et pour les terrasses, il suffirait de rajouter quelques poteaux, des voiles, et hop.