Restés au garage durant de longs mois en raison de l’épidémie de Covid, les autocars touristiques des professionnels du Cantal commencent tout juste à regagner la route. Après la crise, ils espèrent voir le bout du tunnel au printemps 2022, avec la reprise des circuits organisés et autres échanges linguistiques. Le point sur l’un des secteurs économiques les plus malmenés par la pandémie.
Les autocars Laborie, à Calvinet, ne voient « pas d’éclaircie » à l’horizon. Dans cette petite entreprise familiale gérée par deux frères, Jean-Marc Laborie n’hésite pas à prendre sa casquette de conducteur lorsqu’il s’agit de partir, toute une semaine, au fin fond de l’Italie ou de l’autre côté de la Manche. Mais crise du Covid-19 oblige, ses autocars grand tourisme n’ont pas roulé durant des mois et des mois.
Pour préparer ces circuits, « il y a une nécessité d’anticipation. Nous avons besoin de quatre ou cinq mois de visibilité. Aujourd’hui, on ne peut pas l’obtenir, déplore Jean-Marc Laborie. Plus on part longtemps, plus on va loin et plus c’est compliqué. Avec les incertitudes liées aux contraintes sanitaires, les groupes n’arrivent pas à se projeter ». Le transporteur a donc du mal à entrevoir l’ombre d’une reprise. « Au printemps 2022, on peut espérer que cela reparte légèrement, imagine-t-il. Mais il n’y a pas encore de demande… »
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David Lavergne, des autocars du même nom, est davantage concerné. Ce transporteur aurillacois réalise 45 % de son chiffre d’affaires grâce aux séjours occasionnels et touristiques. Dans sa flotte d’une quarantaine de véhicules, il a six autocars grand tourisme. Des engins chers, d’une durée de vie limitée (dix années en moyenne), pour lesquels il doit contracter emprunt sur emprunt.
« Pour nous aider, l’État a pris une mesure forte, souligne-t-il. Nous avons pu repousser les échéances des prêts. Trois fois six mois de report des échéances, pendant lesquels on ne paie que les intérêts. C’est un moindre mal. Mais il s’agit d’une mesure, parmi d’autres – le fonds de solidarité et le chômage partiel –, grâce auxquelles on arrive à s’en sortir. Il faut le dire, nous avons bien été accompagnés par l’État et par notre plus gros donneur d’ordres : la Région. »
« Tout doux tout doux »
Les autocars Lavergne ont quand même été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. « Entre mars 2020 et l’été 2021, nous avons perdu 90 % de notre activité occasionnelle et touristique. Cela a été énorme, confirme David Lavergne. Aujourd’hui, cela reprend un petit peu. Les clubs du troisième âge ressortent. Nous tournons environ à 60 % de ce que l’on faisait à la même époque en 2019. Avec la France comme principale destination, parfois l’Espagne… Ailleurs, l’Italie, l’Autriche ou le Portugal, on n’y va plus. »
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Le jour où, enfin, l’autocar touristique repartira, y aura-t-il un conducteur disponible pour prendre le volant ? C’est, en substance, la question que se pose Bernard Cipriani. Patron de la Stac Transports ou des Autocars Pons, à Aurillac, il met le doigt sur une problématique qui monte chez les autocaristes français.« On a la double peine, lance-t-il. Nous avons perdu des conducteurs qui se sont tournés vers d’autres métiers. Et cela coïncide avec une pénurie totale en France. On ne trouve plus aucun conducteur ! C’est compliqué. Si cela redémarre, on n’aura personne pour conduire les véhicules… »
Depuis mars 2020, « sept ou huit » de ses chauffeurs sont partis. Soit parce qu’ils ont pris leur retraite, soit parce qu’ils ont posé leur démission, souvent quand ils étaient au chômage partiel et que leur niveau de salaire ne leur convenait pas. Résultat, le patron cherche « au moins dix conducteurs à temps partiel ».
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