Ouverture de sujet sur Lyon en lignes, mais je ne sais pas si c'est totalement en rapport avec la thématique du site, bien que parlant de transport aussi ?
Lyon, avec ses voies d'eau majeures, Rhône et Saone, a une position privilégiée centrale pour le transport fluvial. J'enfonce une porte ouverte : toutes les instances, depuis des années, répètent inlassablement les arguments sur le potentiel, les outils disponibles immédiatement, etc.
Pourtant, sorti des discours sur la rentabilité qui feraient que seules les unités transportant plus de 1000 tonnes simultanément seraient pertinentes, il y a aussi un outil majeur, mais négligé ; nous avons la chance de disposer, en France, d'une infrastructure enviée dans tous les autres pays d'Europe : les canaux navigables.
Pour l'essentiel, ceux ci sont au gabarit Freycinet, soit un enfoncement des bateaux de 2,20 mètres, des capacités de charge de 350 tonnes par unité, et un coût de carburant rapporté à la tonne et au km tout en bas du tableau. C'est dire si dans les conditions actuelles, cette équation prend du sens !
Alors on objectera que le bateau ne fait pas de porte à porte, qu'il est plutôt orienté vers le vrac, etc. Mais en prenant la peine de réfléchir de façon moins pavlovienne, on pourrait dépoussiérer le concept et trouver des moyens de moderniser l'outil, tout en conservant ce qui fait une force utilisable en parallèle du transport : le tourisme.
Dans tous les pays qui disposent de canaux, il a toujours été maintenu un entretien correct, de façon à conserver la manne des bateaux de tourisme, tout en conservant un patrimoine utilitaire certain avec un minimum de moyens.
En France, rien de tel : les budgets et dotations d'entretien et de travaux sont soigneusement poncés à l'os, et ce n'est pas fini vu ce qui se prépare...
Je relaie un courrier général de novembre dernier, d'une asso qui se bouge dans tous les sens pour secouer la poussière intellectuelle, et agiter urgemment l'ensemble des décideurs ; ce courrier résume parfaitement le bilan actuel, ce qu'il faut faire (et fissa !), et donne les pistes pour une prise en compte rationnelle : https://www.ententedescanaux.org/2022/0 ... es-canaux/
Le vendredi 30 avril 2021, le ministère de la transition écologique et Voies navigables de France signaient le Contrat d’Objectifs et de Performance de l’établissement public pour les 10 prochaines années. Ce contrat résulte sans aucun doute d'une volonté de l'État de réduire la dépense publique. Grande est la crainte, que soient abandonnées les voies navigables de gabarit Freycinet pour concentrer le budget sur d'autres, en oubliant les liaisons entre les différents bassins qui sont pour nous essentielles.
STOP à la mort des canaux interbassins ! C’est un patrimoine à préserver pour demain.
Le réseau navigable intérieur français, le plus long d'Europe, est également le moins utilisé. Avec 8500 km de voies navigables qui se décomposent en :
- 2400 km de réseau au grand gabarit (bateaux jusqu'à 4400 tonnes de charge utile)
- 5000km de réseau au gabarit Freycinet (bateaux de 250 à 350 tonnes de charge utile)
- 1000km de canaux et rivières à gabarits divers utilisés majoritairement par la plaisance (Canaux Bretons, Canal du Midi, Canal du Nivernais) mais qui ont aussi un rôle à jouer dans le fret.
L'état actuel de la majorité des voies navigables Freycinet et petit gabarit est très dégradé.
L’envasement, phénomène pervers car il est à la fois cause et conséquence, entraîne une plus grande érosion des berges, dont la matière se retrouve au fond du canal, pour une accentuation du phénomène d'envasement.
Canal et bateau Freycinet forment un couple indissociable qu'il faut absolument préserver, sous peine de grands déboires techniques et économiques.
Malheureusement, avec le manque d’enfoncement, les conditions de navigation empirent pour les péniches de fret, les péniches-hôtels et les gros bateaux de plaisance. Leur trafic diminue de plus en plus. Sans leur passage, l’eau n'est plus troublée, les plantes aquatiques invasives bénéficient alors d'une grande luminosité et prolifèrent de manière anarchique, ralentissant le flux de l'eau et augmentant encore l'envasement.
La Loi sur l'Eau, en transposant de manière extrême les directives européennes sur l'eau en France, conduit la plupart du temps VNF à renoncer au dragage compte tenu de la complexité et du coût des travaux induits.
La navigation fluviale existe depuis la nuit des temps. L’aménagement systématique de la voie d'eau commence vraiment au XVIIème siècle. Certains ouvrages d'art fonctionnement encore aujourd’hui, mais par manque d’entretien ces
dernières décennies, ceux-ci sont en mauvais état.
Les écluses et ponts-canaux fuient. Les berges s’effondrent un peu partout. La navigation y est de plus en plus souvent interrompue, et de plus en plus souvent, pour de longues périodes
Si le gabarit Freycinet semble un nain comparé aux millions de tonnes transportées par le Grand gabarit, c'est le seul qui permet de relier les différents bassins du Rhône, de la Seine, du Rhin, de l’Escaut, .... Un bateau de type Freycinet transporte silencieusement et en générant beaucoup moins de pollution, autant de fret que dix semi-remorques, avec une accidentologie quasi nulle.
On oppose souvent la lenteur du transport fluvial à la vitesse du camion. Mais c’est la fiabilité du temps de parcours qui compte pour le transport de marchandises non périssables. Sur un réseau en bon état, les bateaux sont imbattables de ce point de vue, il suffit aux chargeurs de prévoir et de tenir compte de la durée du trajet. C'est alors le bateau qui devient le plus rentable économiquement et surtout le plus respectueux des impératifs de préservation de l’environnement.
Aujourd'hui où le combat contre les émissions de gaz à effet de serre est devenu une cause internationale majeure, la navigation redevient une alternative pour le fret. Cette infrastructure historique en désuétude, risque bien de redevenir indispensable demain, avec le redéploiement d'un système de transport plus économe en énergie, et plus écologique.
Les voies navigables sont aussi un vecteur pour le tourisme. Transport de passagers, location de bateaux, péniche-hôtel et navigation de plaisance jouent un rôle économique important dans des régions éloignées des grands centres urbanisés. Les voies navigables offrent, particulièrement à la clientèle étrangère, une magnifique vitrine de la France et de son art de vivre. Très liées au maillage des canaux et rivières on retrouve aussi les activités fluvestres qui regroupent le cyclotourisme, la randonnée pédestre, les activités nautiques mais aussi la pêche.
Les métiers d'accueil et d'hébergement, ainsi que les commerces locaux, parviennent à survivre toute l'année pour le bénéfice des populations locales, grâce à l'apport de clientèle de la belle saison. En plus, autour de ces activités, un grand nombre de professions dédiées à la navigation se développent : chantiers navals, entreprises de location de bateaux, infrastructures portuaires, ... et génèrent de l’emploi.
Les usagers de la voie d’eau qui passent les frontières et vont naviguer en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, sur des voies fluviales draguées et entretenues, où les plantes invasives sont contenues et où il est aisé de remplir son réservoir d'eau potable ou de déposer ses déchets ménagers, ... se demandent pourquoi la France n’est pas capable d’offrir les mêmes prestations alors qu’il existe déjà un magnifique patrimoine fluvial, souvent envié.
Nous demandons qu'une attention particulière soit accordée au transport de marchandises sur le réseau Freycinet et sur tous les canaux plus « petits » où cela est possible parce que ce mode de transport représente une véritable alternative économique et environnementale, mais aussi parce que les bateaux de ce gabarit sont absolument indispensables à l'entretien des canaux.
Dans le but principal de voir le réseau fluvial participer à la réduction de l’empreinte carbone de la France, nous vous sollicitons M________________ pour veiller à ce que VNF reçoive tout le soutien nécessaire afin de conserver cette infrastructure essentielle et de la restaurer en veillant que l'enfoncement d'origine soit maintenu ou rétabli. Cette régénération est possible, bien moins coûteuse et plus pérenne que celle des routes démolies par le nombre grandissant de camions.
Elle génèrera ensuite des retombées économiques importantes sur les territoires traversés.
Nous comptons également sur vous pour demander une modification de la loi sur l'eau afin de sortir les canaux de cette contrainte pour faciliter les chantiers de dragage sur tous les canaux. Alors les bateaux de commerce, péniches-hôtels, bateaux à passagers ou de location, et plaisanciers, de plus en plus nombreux, reviendront « fertiliser » ces territoires de la France profonde, souvent en déshérence, pour le plus grand bonheur de leurs habitants, et aussi pour l'intérêt bien compris de tous.
Nous demandons que chaque kilomètre de canal ou de rivière canalisée soit entretenu, afin de préserver ce patrimoine culturel et vivant, mais aussi pour ne pas obérer l'avenir.
Alors agissez ! Agissons tous pour que toutes les voies navigables françaises retrouvent leurs activités et leur splendeur.
Je vous remercie par avance, de l’intérêt porté et de vos interventions à ces sujets.
Veuillez agréer, M__________, l’assurance de ma parfaite considération.
Anne Ackermans (Présidente de l’ANPEI)
Si personne n'en parle, on a l'impression que tout va bien en apparence... Mais en fait non. Ça urge.
Et on a un patrimoine juste à coté de nous : il commence à Roanne, avec le canal de Roanne à Digoin ; ses rives de Loire, son port, ses ouvrages d'art harmonieux et ses équipements techniques nécessaires au fonctionnement, très discrets pour la plupart, mais d'une très grande qualité et de grand intérêt en terme d'ingéniérie hydraulique / ingéniérie fluviale.
Un exemple : sur ce pont au dessus du canal, passe... une rivière.


http://projetbabel.org/fluvial/rica_roa ... -canal.htm
À l'instar de ses homologues du Nivernais, de Bourgogne, du Berry, d'Orléans, de Briare, etc., le canal de Roanne à Digoin, prolongement naturel vers l'amont du canal Latéral à la Loire, et appendice de la liaison Rhône-Saône-Seine par la vallée de la Loire, a enfin son association de sauvegarde, promotion et valorisation. Née dans la dynamique impulsée par le Printemps de l'Oudan en avril 2015 (voir niouze), cette toute jeune association issue de la société civile est néanmoins riche d'une déjà longue expérience. Dès 2007 s'était créé spontanément un comité informel composé de plaisanciers de Roanne et de Briennon, comité qui se fixait tout de suite un objectif précis : faire revenir le fret sur le canal, abandonné par celui-ci depuis le début des années 1990. Dès 2010, nous évoquions ce retour dans une autre niouze. Ce comité ne reçut tout d'abord que des sourires amusés de la part des institutions, comme la CCI de Roanne. Mais bientôt, une brèche sévère en 2007 suivie d'une autre en 2009 attiraient l'attention des mêmes institutions sur l'urgence à assurer un entretien correct du canal. Et quoi d'autre qu'un fret régulier pouvait mieux assurer cet entretien ? Des bateaux chargés entretiennent le chenal et empêchent la prolifération des algues longues, fléau dont souffre ce canal de façon récurrente depuis plusieurs années.
Tage, automoteur du Midi, monté à Roanne en 2014
De plus, des bateaux volumineux soulèvent la vase qui va naturellement, par aspiration, se loger dans les fissures de la cuvette du canal et les colmater, ce qu'on nomme la technique des eaux troubles.
Et puis, bien sûr, un seul bateau chargé remplace dix camions semi-remorque, tout en étant propulsé par un moteur deux fois moins puissant que celui d'un seul de ces camions. Avec la pollution en proportion. Ainsi, fort de sa conviction du bénéfice qu'apporterait un retour du fret fluvial sur de nombreux plans, le comité s'est-il lancé dans des actions de sensibilisation des institutions et du grand public, comme le Printemps de l'Oudan en avril 2015.
Il a aussi, sur plusieurs jours et de façon complètement bénévole, procédé au sondage complet du canal en 2014. Les résultats, encourageants, ont été transmis à VNF qui a procédé à son tour à un sondage de Roanne à Saint-Mammès, et dont les conclusions, concernant le canal de Roanne à Digoin, recoupent parfaitement celles du comité : à part sur deux ou trois points bien localisés où l'intervention d'une pelle mécanique est nécessaire, le passage de bateaux calant 1,80 m (donc portant 250 tonnes) est possible. Et déjà, des entreprises roannaises se montrent intéressées par cet outil disponible et jusqu'alors abandonné qu'est le canal.
Comme test en vraie grandeur, l'automoteur Kaïros, de nos amis Marine et Gil Bouchard, est monté en octobre 2015 avec 1,60 m d'enfoncement pour passer l'hiver à Roanne. Il a connu quelques passages difficiles, notamment sur ces deux ou trois points délicats mis en évidence par les sondages, mais est finalement parvenu à bon port, démontrant la faisabilité du projet de retour du fret sur le canal.
La toute jeune Association, forte déjà d'une cinquantaine de membres et adhérente à l'ANPEI, a tenu sa première assemblée générale en décembre 2015, et va poursuivre son action, en reconduisant déjà en 2016 puis en 2017 l'opération festive "le Printemps de l'Oudan" et en multipliant les contacts avec les différentes institutions, comme la Chambre Nationale de la Batellerie Artisanale (CNBA), déjà partenaire, et entreprises intéressées, et en adhérant au collectif "Agir pour le Fluvial".
L'Association Roanne Fluvial mise également sur la réhabilitation d'une partie du réseau ferré de Roanne, autrefois très dense, qui permettrait l'établissement d'une plate-forme multimodale au bassin de l'Oudan.
Les outils logistiques sont là. Il suffit de réapprendre à s'en servir.
Allez voir ce site, c'est une mine ! http://projetbabel.org/fluvial/index.htm