Alors voila, avec mon 'tit portable et mon grand coup d'oxygène de cette journée, j'ai eu envie de raconter une histoire à ma façon, plutôt que de montrer des images toutes plates ; merci aux admin' de me permettre d'utiliser tout ça d'espace disque !Une fin d’après midi d’un week end pourri (enfin, du point de vue climat, parce que le reste… bien. Très bien même). De ces week end où l’on se sent vivant. Sans ennuis. Sans trop de graviers sur la route, juste un peu pour se rendre compte que ça ne sert vraiment à rien de mettre un coup d’accélérateur : adrénaline produite sans vraiment de raison, stress, fumée, vapeur passagère, buée sur la vitre.
Quelques traces de bleu, la haut, loin, très loin, au dessus des milliards de gouttes qui tombent sur le pare-brise, et qui finissent par se mélanger aux verts omniprésents d’une végétation, habituée à compter âprement et à survivre avec le minimum, et qui cette année découvre l’abondance, le presque trop, vraiment fallait pas…
Une route à la con, toute tordue en long, en travers, horizontalement et verticalement, conçue par des gens qui n’ont probablement jamais eu l’idée de la ligne droite pour aller d’un point à un autre, mais qui « faisaient avec » : avec la pente, avec le poids à charrier, avec l’animal de trait ou de portage (à qui demander tout le temps l’impossible conduit à ruiner sa maison), et qui finit par imposer son rythme et son chemin. Une route même pas plate, venant d’un recoin du pays, menant vers d’autres recoins tout aussi anonymes pour les gens de passage dans mon genre.
Anonymes. Pas vides. Chargés de sens pour qui sait regarder. Sans intérêt pour ceux qui ont désappris à regarder, et qui finalement ne savent même plus quoi montrer et transmettre à leurs enfants.
Et soudain, sur cette route qui impose son rythme et sa lenteur, au carrefour avec un chemin improbable et un sentier, sous un platane planté il y a si longtemps et à qui on a fini par foutre la paix, un poteau, une pancarte en fer, de guingois, une indication à la peinture avec des lettres d’avant-hier : « la gare > »…
Petite voiture ; petit chemin, si petit qu’il échappe à tout gabarit. Quelques dizaines de mètres plus loin, un morceau entier du passé qui ressurgit ...
Je suis déjà venu ici il y a plus de trente ans.
Le château d’eau.
Les bâtiments de la gare, l’ancien café restaurant d’où les tables et les chaises ont disparu, de l’autre coté de la placette, le chien qui se lève sous la marquise, l’œil curieux et endormi à la fois, et toujours cette pluie.
Je suis déjà venu ici.
Les rails des voies de débord sous le gravier et les herbes, les herbes.
Les herbes folles, hautes, exubérantes, envahissantes, partout…
Et tout au fond de cette savane, des taches sombres ; des animaux immobiles ? morts ?
1 http://fr.youtube.com/watch?v=bQh-1haRIYENon. Juste quelques autorails, d’anciens wagons, et devant, un locotracteur…
2 http://fr.youtube.com/watch?v=mMjfG1e4m90
3 http://fr.youtube.com/watch?v=oIa74Un6Ch8
4 http://fr.youtube.com/watch?v=5QIZp1oPm5YMatériels en attente, épaves précieuses attendant leur réveil.
5 http://fr.youtube.com/watch?v=7aU28ayeyvo
6 http://fr.youtube.com/watch?v=x8YsS2xHH0kLes souvenirs reviennent, affluent, se bousculent. Ces matériels, ces wagons, eux ou leurs frères, je les ai vus vivants, réveillés, actifs, rouler, ronfler, grincer, fumer, se rapprocher et s’atteler, repartir ailleurs, cliqueter, tinter, sonner, s’éloigner de moi vers Sainte Agrève…
7 http://fr.youtube.com/watch?v=euNpWV-54GoEnfance. Si loin.
Aujourd’hui, le bruit du moteur qui s’éteint, le silence, pesant, juste le bruit des gouttes sur l’herbe et quelques oiseaux plus loin.
Quelques pas, quelques craquements et froissements dans les herbes. Et au milieu, instant magique : une voie presque neuve, avec ses rails luisants de pluie sur les traverses encore fraiches, le ballast propre et neuf, des appareils de voie méticuleusement remis en état, la touche de couleur rouge sur blanc pétaradant au milieu du décor…
8 http://fr.youtube.com/watch?v=nQGcalwONso
9 http://fr.youtube.com/watch?v=6RHVUhA18a4
10 http://fr.youtube.com/watch?v=-DUNr9Q7sMgC’est presque trop beau. Devant la gare, caché de la rue, un wagon couvert. Un beau, gris et noir, rutilant, sortant de chez le constructeur. Attendant son service. Patient. Echanges avec la grue à eau ?
Lui, il a de nouveau tout son temps : quelqu’un lui a redonné la possibilité du temps.
Elle, manifestement, une visite d’une dame de naguère serait tout à fait à son avantage.
Serait-ce pour bientôt ?

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