Euh.
Oui ?
Ahem...
Tout est prêt : même le logo.

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On paiera moins dans les trams couverts de pub
TRANSPORTS PUBLICS | Les TPG sont sur le point d’introduire un tarif spécial. Une réponse aux nombreuses réclamations.
Christian Bernet | 01.04.2011 | 00:00
La décision est dans l’air, et elle fera du bruit. Car c’est une vraie révolution que les TPG s’apprêtent à introduire dans leurs tarifs et que la Tribune de Genève révèle ici en exclusivité. Dès le mois de décembre, les usagers pourraient payer moins cher leur ticket s’ils empruntent un véhicule couvert de pub. Un abonnement spécial sera aussi proposé, à prix cassé. Il deviendra dès lors très bon marché de circuler. Pour autant qu’on se contente de ces véhicules réclame. Pour l’heure, rien n’est encore acquis. La direction des TPG discute de cette option dans la plus parfaite discrétion et refuse de communiquer. Selon une source proche du dossier, le conseil d’administration pourrait donner son feu vert lors de sa prochaine séance. Seuls quelques membres influents ont été mis dans le secret. Hier encore, la conseillère d’Etat Michèle Künzler n’était pas au courant de ces préparatifs. Ce sont les multiples réclamations d’usagers qui sont à l’origine de ces nouveaux tarifs. Certes, une étude de marché indique que 60% d’entre eux sont favorables à ces publicités. Mais cela laisse 40% de mécontents, qui ne se gênent pas de le faire savoir. Selon eux, ces publicités qui recouvrent les vitres réduisent la visibilité et assombrissent l’intérieur. «Avec ces pubs, on voit mal à travers et tous les jours sont gris», se lamente une usagère. Ils considèrent aussi qu’une régie publique n’a pas à se plier à la «marchandisation rampante de la société». Selon nos sources, un dernier élément a mis le feu aux poudres. Un éminent avocat de la place, qui bizarrement souhaite garder l’anonymat, a fait recours. Son argument: ces publicités entraînent une inégalité de traitement entre usagers, selon la place qu’ils occupent dans le véhicule. Le motif semble spécieux mais a fini de convaincre les TPG de prendre des mesures.
Bousculade aux arrêts
Concrètement, le prix du billet sera réduit de 3 fr. à 1 fr. 90 pour les véhicules couverts de réclame. Evidemment, ce tarif posera un petit problème pratique. L’usager planté à son arrêt devra attendre l’arrivée du tram pour savoir s’il s’agit d’un véhicule avec ou sans pub et prendre ainsi le bon ticket. Cela risque d’occasionner des bousculades devant les distributeurs. Les chauffeurs auront toutefois la consigne d’attendre. Un abonnement sera aussi proposé. Alors que le tarif «adulte» se monte à 70 francs par mois, le «spécial pub» se situera à 40 francs. On estime aujourd’hui que près de la moitié des trams sont couverts de réclame. Ce qui signifie que ces abonnés pourront prendre un véhicule sur deux. Toutefois, ils auront libre accès à tous les bus à partir de 23 h la semaine et de 23 h 30 le samedi soir, ainsi que durant l’horaire des petites vacances.
Prix très avantageux
Ce tarif à 40 francs n’est pas anodin. Non seulement il est très avantageux, mais il est même moins cher que les abonnements «junior» ou «senior». On peut donc penser que les personnes âgées et les étudiants désargentés le choisiront. Reste à savoir si les abribus suffiront à accueillir tous ces Genevois en attente de leur tram.
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«Les TPG sont précurseurs»
Marck Ethyng est chercheur au Verkehrundmobilitätsinstitut de Frauenfeld et spécialisé dans les politiques tarifaires. Il nous livre son analyse.
Que pensez-vous de cette nouveauté?
A ma connaissance, c’est du jamais-vu. C’est surprenant mais un peu à l’image des bizarreries de vos transports publics. Les machines qui ne rendent pas la monnaie, les horaires des «petites vacances», les trams bariolés de publicité, tout ceci est assez genevois. C’est aussi ici qu’on voit les trams s’arrêter au feu rouge pour laisser passer les voitures. A Zurich, ce serait impensable. Cela dit, les TPG font avec les moyens qu’on leur donne. Et chez vous, les politiques sont très avares avec les transports publics.
Ce système de tarifs est-il applicable?
Pourquoi pas. On va peut-être se bousculer un peu devant les distributeurs à billets à l’arrivée des trams, mais c’est gérable. Le problème est ailleurs. Ces abonnements «TPG-Budget» vont attirer les pauvres dans les véhicules publicitaires, et rejeter les riches. Cela va renforcer la discrimination qui existe déjà chez vous. A Zurich, vous voyez des banquiers dans les trams. Pas à Genève. Sur les lignes qui desservent les beaux quartiers, l’usager type, c’est la femme de ménage sud-américaine.
Vous trouvez donc cette mesure socialement discutable?
Disons qu’elle s’inscrit dans l’ère du temps. Les politiques tarifaires sont de plus en plus complexes et diversifiées. Voyez les abonnements téléphoniques, les assurances. D’ailleurs, le directeur des CFF a proposé cette semaine des tarifs variables selon la vétusté du train emprunté. A travers ces différences se créent progressivement les nouvelles barrières sociales. C’est flagrant dans la grande distribution. Elle a commencé avec le M-Budget ou Prix-Garantie. Elle lance aujourd’hui des produits haut de gamme. Et dans dix ans, pour les clients qui achèteront cher, je vous parie qu’on prévoira des caisses VIP, avec accueil amélioré et sans file d’attente. De ce point de vue-là, les TPG sont précurseurs.
Propos recueillis par C.B.
Info de qualité, n'est-il pas ?
