Message non lupar olive » 09 janv. 2011, 00:59
Une petite histoire tirée du journal du PAC Transilien:
Pour tout comprendre:
Décade = Semaine de travail chez un conducteur
Distributeur = Appareil servant à provoquer le serrage ou le desserrage des freins d'un véhicule ferroviaire en fonction de la pression d'air dans la conduite générale (CG)
GM = Gestionnaire de Moyens (l'équivalent d'un agent de maîtrise)
PAC = Pôle d'Appui Conduite (Entité regroupant des conducteurs assurant l'acheminement des matériels Transilien entre les centres de
maintenance et les ateliers directeurs ou rénovateurs)
Un conducteur du PAC est commandé pour acheminer une Z6400 de Pont Cardinet à Saint Pierre des Corps.
Il a pour réaliser sa mission la BB25574, surnommée « Choupette » par les agents du PAC. Elle est stationnée à Paris Batignolles.
A l’époque, c’est-à-dire en 2006, nous étions dotés de 4 locomotives pour nos acheminements et chacune d’entre-elle était affublée d’un sobriquet.
L’heure de prise de service est prévue à 08h20, la pochette est prête. Dédé prend son service et intègre les éléments de sa mission.
C’est la première journée de sa décade. Tout va bien en ce début d’été, il ne fait pas trop chaud et la mission semble être idéale en ce début de période de travail.
C’est parti direction Magenta, Haussmann puis « Bat ». Visite sommaire de l’engin, Choupette semble être en forme.
Seulement ce que Dédé ne sait pas et il va s’en rendre compte rapidement, c’est que notre Choupette n’est pas aussi en forme qu’elle en a l’air…
La lecture du voltmètre batterie indique 25 volts. Ce n’est décemment pas suffisant pour la mise en marche de la bête. La jovialité naturelle de Dédé s’efface pour laisser place à un agacement à peine contenu.
La journée avait pourtant si commencé. Un coup de téléphone plus tard au GM du PAC, notre CRL se retrouve en voiture Achères pour récupérer Choupinette, la BB25571.
Retour à Pont Cardinet pour effectuer la mise en tête sur l’élément Z6423. Accostage en douceur, appui modéré Dédé assure. Changement d’extrémité, remise en service de l’engin, alimentation de la conduite générale, les gestes métier se succèdent au rythme du compresseur qui tourne, qui tourne, qui tourne, qui tourne, ….., qui tourne surtout trop bon sang!!! L’œil se fixe alors sur le manomètre de la conduite générale, l’aiguille a du mal à atteindre 1 bar quant à la conduite principale, elle n’affiche qu’un petit 6 bars.
La mine déconfite, Dédé se rend à la visite du train et découvre non sans effroi qu’il manque un distributeur de frein au dernier véhicule. A la place de l’équipement il n’y a qu’un trou béant.
Après quelques échanges de coups de téléphone, les agents de la maintenance viennent remettre en place le distributeur qui était destiné à une autre rame, ah quand Pierre se déshabille pour habiller son copain Paul.
Evidemment le sillon horaire n’étant plus respecté, le train va partir comme il pourra et surtout à l’heure que le régulateur voudra. Il est midi et il commence à faire faim.
Dédé reçoit enfin l’autorisation de départ, il va partir confiant car il a lui-même vérifié la pertinence de l’intervention. Le train s’ébranle, direction Mantes la Jolie et sa fameuse bif d’Epône Mézières. Plaisir Grignon fin du 25000 volts. A partir de la c’est du 1500 volts, il faut conduire Choupinette différemment.
Elle n’aime pas cette tension là car ne peut pas rester sur ses crans trop longtemps sous peine de grimper en température. C’est que cela pourrait lui être fatal à la cocotte. Passage par Savigny et arrivée à Juvisy où une manoeuvre est prévue. Après réception de l’autorisation de départ. Dédé se remet en marche avec en ligne de mire le repas du soir.
Mais Murphy veille. Vous savez la fameuse loi de la tartine beurrée… Le régulateur appelle Dédé pour lui signifier l’erreur de direction, Dédé est dirigé vers une zone de travaux où aucune sortie n’est possible. Garage à Etampes. Dédé tente de rentrer en relation avec l’agent circulation, la radio ne passe pas à cet endroit. Murphy est encore là.
Qu’à cela ne tienne il reste le téléphone du signal et là Murphy assène le coup fatal, le téléphone est en fait le refuge douillet d’un nid de guêpes. Un peu affolées de voir notre gaillard relever, d’un geste quelque peu énervé, le bras dudit téléphone, elles décident de chasser l’intrus, l’obligeant à se réfugier fenêtres fermées à l’intérieur de Choupinette, qui pour l’occasion lui fournit à son tour un nid douillet…
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olive le 09 janv. 2011, 01:18, modifié 1 fois.