Euh, j’ai le droit de mettre mon grain de sel dans votre conversation ?
Le problème de l’insécurité n’est pas de savoir s’il elle existe ou pas. C’est d’en connaître son mécanisme pour pouvoir la maîtriser et éviter les images d’Épinal sur un tel sujet.
L’insécurité dans les transports en commun est un sujet bien connu, qui commence enfin à être étudié, car si elle touche les usagers, elle est aussi une vraie plaie pour les salariés des exploitants, toutes fonctions confondues. Ils (les exploitants) ont été obligés de mieux connaître l’insécurité car les conséquences sur le personnel et donc l’exploitation devenaient trop importantes.
Les plus touché en pourcentage, sont d’abord les contrôleurs, les conducteurs de bus, les usagers et les agents de lignes (dans l’ordre décroissant à Lyon).
La vidéo qui a été mis en ligne me gène beaucoup car trop de gens ne l’ont pas compris, mal vue ou vu trop vite, et n’ont sûrement pas analysé tout ce que l’on peut y voir. Elle est pourtant significative et pleine d’enseignement.
Au départ, il y a les «
incivilités ». Elles sont aux nombres de plusieurs dizaines de milliers par ans à Lyon. La première des incivilités est la fraude et le non-respect de la MPA, ça peut être aussi le blocage des portes intentionnel etc.
Celles-ci sont tellement nombreuses, qu’elles ne sont ni réprimandées ou très rarement, et laissé à la seule appréciation du Cr qui se bat avec ou pas.
Ces incivilités vont générer un deuxième niveau qu’on appelle «
violences verbales ».
C’est l’altercation verbale entre deux personnes. Ca va de « vous pouvez pas vous pousser » à « casses toi pauv’con ».
Ces altercations verbales sont très courantes, moins que les incivilités et toujours pas réprimandées et laissé à la seule appréciation des CR de nouveau ou des contrôleurs.
La phase suivante c’est la «
violence physique » : une bousculade, un crachat, etc. Peut faire l’objet d’un arbitrage quand un tiers est présent mais n’est toujours pas réprimandé.
Vient ensuite
l’agression Physique. C’est le coup de poing, le tabassage, le coup de couteau, le vol d’une empoche ou d’un téléphone portable, etc. C’est seulement à ce niveau de gravité que la société commence à réagir. Les témoins, c’est généralement courage fuyons, pour les CR c’est l’appel à l’aide par téléphonie ou système radio interposé et c’est enfin la possibilité pour la police et les tribunaux d’être partie prenante en cas de plainte. Ces agressions sont rares, mais bien réel, y compris à Lyon.
Les plus touché sont les contrôleurs.
Et enfin point ultime,
l’homicide qui met en branle tout le système répressif et judiciaire.
Je passe sur le
suicide qui peut être une conséquence non prise en charge d’une agression physique.
Il existe un lien étroit entre chacun degré de violence que j’ai cité.
Les incivilités engendrent les violences verbales qui engendrent les violences physiques qui peuvent devenir agression physique et se solder par un décès.
Le problème, c’est qu’on ne se pose des questions qu’à partir de l’agression.
Pourtant chacun d’entre nous peut devenir agresseur ou générateur de sa propre agression.Je m’explique. Tous les jours vous prenez votre bus, vous subissez les incivilités des autres sans réagir, jusqu’au jour où, énervé, vous répondez à la personne « vous ne pouvez pas faire attention ? ». A ce niveau là, vous êtes déjà dans un processus qui vous entraîne sans vous en rendre compte vers un niveau de violence qui peut se retourner contre vous.
Je continue. Le jour ou la remarque verbale n’est plus suffisante pour mettre un terme à votre énervement, vous allez volontairement bousculer gentiment dans un 1er temps la personne quand vous descendrez du bus, sauf qu’un jour vous rencontrez un partenaire de jeu aussi énervé que vous qui va vous aligner gentiment une claque au visage ou un coup de poing.
Ce processus très bien identifié, représente 99 % des problèmes dit « d’insécurité » dans les TC. On est tous concernés,
il n’y a pas de « population » prédisposée.
Il y a également la violence gratuite, difficile à anticiper, l’effet de bande. C’est l’insulte « sale nègre ou sale juif », le tabassage en bande organisée. Mais ces violences sont très rares dans les TC en général, même s’il ne faut surtout pas nier leur existence et leur gravité.
Alors maintenant que l’on sait tout ça, on fait quoi ?
Réponse en vogue actuellement, : on met des caméras. Sauf que les caméras, de l’aveu même de la police sert à traiter à posteriori un évènement, pas à l’anticiper. L’intervention sur « flag » grâce à des caméras n’existe pas. Et les caméras ne voient pas tout. Exemple le bris de glace de T4 suite à caillassage en pleine journée n’a pas été enregistré par les caméras alors qu’elles enregistrent 24h/24. Donc un acte rapide et déterminé passe au travers des filets.
La présence policière ? La police des transports n’est pas suffisante pour couvrir le réseau tram et bus. Quant au métro et train de banlieue, ils ne font que saupoudrer le réseau de leur présence. Reste les contrôleurs et les CR qui ne peuvent que dissuader par leur présence.
Les CR sont, précision importante, séparés des usagers dans le métro et le tram, donc très peu dissuasif, voir pas du tout.
Maintenant il y a aussi l’éducation, mais c’est un sujet très vaste.
Concernant la vidéo sus-citée (wahou, comme j’cause grave bien !
) tout le monde s’est focalisé sur la victime la plus visible. L’homme tabassé. Normal et humain. Qui a remarqué dans le détail les actions du CR ? Appel D, téléphone, description de la situation et surtout une vraie impression d’impuissance qui prend tout son éclat quand il dit «
vous voulez que je fasse quoi ? » au client qui lui reproche de ne rien faire. Dans la relation entre le client (qui n’est pas intervenu au moment de l’agression, et qui s’adresse au CR) et le CR, on est déjà au niveau 2 des risques d’agression que j’ai décris (agression verbale).
La 1ere agression physique gratuite, a engendré une agression verbale.Tous les ingrédients sont dans cette vidéo pour décrire la bêtise quotidienne des usagers (enfin de certain).
L’impression d’insécurité vécue par le témoin qui agresse verbalement le Cr, certainement pour se dédouaner de sa passivité ou/et faire baisser son stress, a été générée par sa propre attitude.
Conclusion, regardons-nous dans un miroir de temps en temps avant de parler d’insécurité et des autres.
Même pas énervé le manu