Merci pour l'article
Une sournoiserie de plus à mettre à l'actif : la privatisation de routes nationales, dont l'idée mise sur le tapis avait bien choqué et soulevé nombre de réactions vives, donc 'reportée' ou stratégiquement en recul pour mieux sauter, bin c'est une affaire qui roule.
Passé en douce, en mode furtif, l'été étant propice à de telles manoeuvres (cf le palmarès des années précédentes depuis quelques décennies, même) qu'on a de plus en plus de mal à qualifier de loyales, le décret a été publié le 14 aout. Notez la date, un vendredi, veille de gros we de circulation et de bouchons en tous genre, avec un paysage médiatique passé au napalm sous le déluge alarmiste de la pandémie ; comme cela était probablement programmé, cela a fonctionné : le pégu de base à eu la tête ailleurs.
C'est dommage, tout de même...
https://www.letelegramme.fr/france/un-p ... 620743.phpLe décret d’application publié le 14 août 2020 ne permet pas d’instaurer des barrières de péage en Bretagne. (Photo archives Claude Prigent)
Mais ils ne sont pas complètement givrés, il reste des points chauds, bien repérés, documentés, analysés : pas touche à la Bretagne, parce que si l'idée de la mise en application taraude bienbien, elle se heurte d'une part aux textes de loi quasi ancestraux qui ont régi le rattachement de la Bretagne à la couronne de France, d'autre part aux Bretons eux mêmes, qui sont, comme dans beaucoup d'autres régions, pas vraiment emballés par l'idée, mais ayant montré par le passé qu'on ne pouvait pas forcément tout leur imposer. Faudrait voir à pas oublier dans quel sens et pour quels buts la gouvernance doit s'exercer...
La rédaction de ce décret est une performance de fiellerie et de formulation léonine, quasi à la limite de la félonnerie...
Et quand même avec prudence et méthode : on ouvre une brêche, mais on ne va pas trop loin pour l'instant...
laude Prigent)
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Le 14 août 2020, comme le révèle Le Monde, le gouvernement a publié un décret permettant, sous certaines conditions, la privatisation d’une partie des routes nationales. Ce souhait des sociétés d’autoroutes exprimé en 2014 va devenir réalité.
« Dans le cas où les contraintes topographiques rendent impossible ou anormalement coûteux un aménagement avec un profil à 2 × 2 voies et chaussées séparées, et dans la mesure où le trafic le permet, une section de route ne présentant pas un tel profil d’aménagement peut être classée dans la catégorie des autoroutes (…) ». Ce nouvel alinéa à l’article R. 122-1 du code de la voirie routière vaut cher. Publié le 14 août 2020 au Journal officiel comme l’indique Le Monde dans son édition du 18 septembre 2020, il va permettre aux sociétés d’autoroutes d’inclure dans leur réseau payant des routes limitées à deux voies de circulation dans la mesure où ces dernières sont situées « dans le prolongement direct d’une voie bénéficiant déjà du statut autoroutier ».
Ce dossier dépendant du ministère des Transports a été rondement mené. Car ce décret d’application est l’étape ultime de concrétisation d’un souhait exprimé en 2014 par l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA). Comme l’avait alors révélé Radio-France, cette idée de privatiser une partie des quelque 10 000 kilomètres du réseau routier national a séduit le gouvernement. En effet, entre 2007 et 2017, les crédits de l’État pour l’entretien et l’exploitation des routes nationales non concédées, 670 millions par an en moyenne, ont enregistré une baisse significative. De plus, en août 2018, après l’effondrement du viaduc de Gênes, le gouvernement avait annoncé qu’il porterait à 850 millions d’euros, de 2020 à 2022, et à 930 millions à partir de 2023, le budget alloué à l’entretien des routes : un effort inférieur au milliard d’euros annuel nécessaire si l’on en croit une déclaration de la ministre des Transports devant le Sénat, en mai 2018.
Des inquiétudes non justifiées
Il n’y a pas de petites économies et l’étape suivante, l’adoption de la Loi d’orientation des mobilités en novembre 2019, confirma cette volonté du gouvernement d’avancer sur ce dossier. Deux articles de ce texte modifiaient le code de la voirie routière en intégrant dans le domaine réglementaire des autoroutes, « des sections à gabarit routier (2x1 voie, limitée à 80 km), dans des conditions définies par décret en Conseil d’État » et « en tenant compte notamment de contraintes topographiques ».
Cette brèche juridique dans la gratuité des routes nationales a vite suscité des craintes, notamment en Bretagne où un groupe de citoyens baptisé « État Kritic Mobilités », imaginait un scénario des plus pessimistes : « Si un tunnel ou un pont doit subir des travaux et que les collectivités ne peuvent financer le chantier, les ouvrages pourront être cédés à des sociétés autoroutières et il faudra payer pour les emprunter comme celui de Morlaix (29), de Saint-Brieuc ». Ce qui n’est pas aujourd’hui le cas, ces deux viaducs n’étant pas « dans le prolongement direct d’une voie bénéficiant déjà du statut autoroutier ».
D’autres redoutaient que des tronçons de voies express situés immédiatement après des barrières de péage, comme celles de La Gravelle, en Mayenne, ne deviennent payants. Or le décret du 14 août 2020 ne parle pas des axes à 2x2 voies limitées à 110 km/h mais uniquement des 2x1 voies limitées à 80 km/h. Ceci dit, on n’est jamais à l’abri d’un nouveau vœu de l’Association des sociétés d’autoroutes.
Pourquoi parler d'inquiétudes non justifiées ? Le monsieur qui cause, il n'a pas compris qu'il ne s'agit pas d'inquiétudes, mais de certitudes qui appellent une sanction. Un peu comme le sale mioche mal élevé qui en fait une méga avec casse, appelant la brassée...
Alors comme ça, il s'agirait d'un voeu des société d'autoroutes...
S'il suffisait de faire un voeu pour faire tomber les billets dans l'escarcelle ! Mais alors, les grenouilles, les princesses, toussa, c'est bon, on peut y aller, c'est du solide ?
On est mal. On doit possiblement rêver, mais là, on est définitivement mal.
Ça s'arrête quand ?
Quand on sera revenu au moyen age avec remise en place de l'octroi, la dîme, la gabelle au bénéfice quasi exclusif des roitelets et petits marquis locaux, et on remet en route tout ce qui a été considéré comme désastreux pour le commerce et l'industrie ?
Quand tout le monde aura compris que nos sous partent dans les caisses non pas de l'Etat, mais dans des caisses qui lui en reversent généreusement le tiers, la moitié ou le quart, et encore, avec un délai ? *
* Renseignez vous sur les conditions dans lesquelles sont reversées les sommes acquises au titre des "forfaits post stationnement" par exemple, pour rigoler un bon coup.