Tes arguments sont les tiens, mais ne peuvent pas représenter à eux seuls la seule version valable, ni la seule grille de lecture possible, sauf à vouloir une ville définitivement neutre, lisse, propre sur elle et sans aucune histoire, ni aspérité, ni défaut. Une ville idéale dont la construction sur elle même est achevée, sans aucune modification ou aucun entretien. Ça me dérangerait vraiment que Lyon s'inscrive dans ce processus de stérilisation.
Les héritiers sont parfois des gens qui sont "de quelque part", qui y tiennent
vraiment, et que l'impossibilité de payer des droits de succession (le bien n'ayant plus rien à voir avec la valeur initiale de la maison construite ou achetée par leurs parents) contraint à vendre (avec certes une plus value) ce qui constitue modestement une part de leur histoire personnelle.
Et ça, c'est respectable, si tant est que ce terme puisse signifier quelque chose dans une vision limitée au seuls critères financiers / évolution financière inéluctable du cadre de vie. Ce serait désormais une tare de tenir à son bout de terrain et au bout de toit posé dessus, au motif que des sensibilités "supérieures" et éduquées raisonnent différemment ? La compensation financière justifie le "prends l'oseille et casse toi" ? Cette nouvelle valeur n'est pas nécessairement partagée, même si elle devient courante, face à un droit ancien qui semble remis en question : le droit de jouir tranquillement de sa propriété. Alors pauvres de coeur oui, à défaut de pauvreté financière.
L'utilisation "privative" des places dans la rue ; ça a l'air de te défriser, que des gens qui habitent dans la rue en question puissent souhaiter s'y garer. Tu es confronté au problème, tes voisins sont des ventouses et tu ne peux pas te garer en rentrant du boulot le soir ?

Accessoirement, tu es en pleine contradiction avec l'idée de faire garer les véhicules des artisans ailleurs qu'en bas du lieu de leur intervention ; parce qu'ils seront nécessairement garés quelque part, dans la ville... dans des rues. Mais je suis d'accord qu'il faut à un moment passer d'un modèle à un autre, plus urbain, et dire adieu au pavillonnaire, mais pas brutalement.
Encore une fois : le problème n'est pas la suppression des places, mais la brutalité et la soudaineté de cette suppression, sans aucun accompagnement ni compensation réelle autre que financière sur une possible plus value ultérieure.
Les riverains ils vont avoir une ligne de transports toute neuve, alors que le nord et l’ouest se lamentent de ne pas en avoir, donc faut arrêter le cinéma ils ne perdent pas au change.
Inutile de rentrer dans le sujet qui serait "quel est le besoin réel en TC des riverains immédiats de la ligne T6N" et de l'usage qu'ils pourraient légitimement en faire par rapport à leur situation actuelle.
Parles en avec conviction à tous les riverains concernés, qui passent d'une place devant chez eux ou dans la même rue, à rien / nada / que pouic.
Une ligne de tram passe devant, mais la station la plus proche n'est pas devant chaque maison. Donc l'intérêt individuel est "rien à faire du tram devant chez moi, le gain d'utilité est nul par rapport à la perte fonctionnelle (subjective). Raisonnement complètement égoiste, mais c'est le raisonnement. Façon Mimile ou Lucienne au comptoir du Balto (qu'on regarde de façon ignoble avec condescendance) mais c'est le raisonnement.
Et la confrontation brutale avec l'imposition de nouvelles contraintes "au nom du bien public" se heurte à des principes très très primaires.
Réduire le nombre de stationnement avec l'intensité prévue est à verser directement dans le registre "confrontation brutale".
L'expérience du téléphérique n'a pas servi ?
Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre comme bêtises pour défendre les bagnoles…
Alors on va la faire bref : tu évites les attaques perso, on gardera un ton courtois et policé.
Mon métier depuis 30 ans, en parallèle du monde des ouvrages d'art, c'est justement ce type de chantiers en milieu contraint de type urbain dense : réaménager des appartements, des immeubles, des locaux tertiaires, restructurer des espaces, faire de l'entretien lourd, etc. Et le résultat des dernières évolutions, je me le prends directement, comme mes clients : une augmentation nette des montants de devis (en plus des hystéries récentes sur les matériaux) parce que les artisans, entre un chantier en centre ville et un chantier "en extérieur", font le choix prioritaire d'aller en extérieur.
Sinon, oui, Monsieur (BBArchi) on est très contents et fiers de bosser pour vous, mais c'est plus cher, sinon on perd de l'argent : on ne peut pas facturer tous les frais aux clients, on va les mettre en PLS.
Et cerise, 35/40% de la soixantaine d'entreprises que je consultais régulièrement pour du bon travail et de beaux résultats, jusqu'en 2020, refusent désormais de venir sur Lyon.
Pour toi qui 'connais' ce milieu, c'est normal ?
Perso, quand il y a des gravats à évacuer, c'est soit le monte meubles, soit la grue de 40tonnes et les bags, soit la benne, soit à l'opposé, les sacs manutentionnés à la mano. Ça représente une toute petite partie de la logistique du chantier... le problème courant, c'est toutes les interventions des autres corps d'état, pour lesquelles oui, l'artisan ou l'équipe d'intervention a souvent besoin du véhicule pro "pas loin". Cette vision du "on décharge le matin, on recharge le soir" est une vision très récente défendue par des gens qui n'ont pas la totalité des codes ni des éléments de compréhension de ce qu'est le chantier, mais qui ont un avis définitif sur ce que doit être un chantier ; problème : ce sont ces discours qui sont écoutés par les élus et les techniciens de la ville.
Pour les artisans, oui, on peut imaginer de les "dresser" (c'est ce que tu sous entends) à faire autrement et à changer leurs habitudes.
Parfois ça marche. Parfois.
Tu as peut-être eu de la chance pour tes expériences personnelles, ou plus simplement des budgets de travaux permettant d'imposer des exigences particulières, peut être ?
Mais souvent, c'est un poil plus compliqué : chaque chantier par définition est dans un contexte différent, avec de multiples contraintes (dont le prix !).
Quid des artisans qui viennent 'd'au delà des frontières' de la Métropole, en général mieux placés en prix ? On leur met un péage pour leur apprendre à ne pas venir sur un territoire qui n'est pas le leur ? La communauté européenne est d'accord pour cette entorse aux règles ?
Et puis... s'il faut déplacer le fourgon après déchargement pour le stationner à plus de 200/500mètres, OK.
Mais à quel endroit, les 200/500mètres ? J'avais posé la question, manque la réponse.
Parce qu'on densifie de partout en même temps, pour mémoire.
Et il n'y a pas (encore) de service de voiturier pour garer le Véhicule Personnel de Monsieur Chalumeau, Plombier Chauffagiste en Intervention et son Apprentis, dans un parking à places numérotées, et chauffé, dédié à cet usage. Quand même ! Quel manque d'élégance...
La prudence, en cas de réduction des possibilités de stationnement sans mesures compensatoires simples et non coûteuses, conduit à oublier que les prix des prestations puissent rester sagement "raisonnables", et cela contribuera à deux phénomènes prévisibles : une gentrification accélérée (elle est déjà à l'oeuvre) parallèlement à une paupérisation ponctuelle du bâti par défaut d'entretien.
Actuellement, une autorisation de voirie : ça coûte. Sur un chantier de 300 à 800k€, c'est peanuts. Sur un chantier à 30K€, on rentre dans la zone de turbulence. Donc il faut anticiper ça, et ne pas se contenter de proposer quelques places sur un linéaire sans donner les moyens réels d'utilisation de ces places.
Au lieu de m'attaquer directement sur une idée à la con, et considérer que je suis un pro bagnoles pur sucre, essaies de nuancer le propos, le sujet ne peut pas être manichéen.
Il faut écouter toutes les sensibilités, sans être arcbouté sur des certitudes.
Pour revenir sur T6, qui trace un sillon dans la ville, j'aimerais que les concepteurs, au lieu de reproduire un énième schéma validé et recopié de ce que doit être une emprise de tram, fasse preuve d'initiative, de réflexion, d'audace peut être sur ce qui permet de faire la couture entre l'infrastructure et le tissu urbain, si possible en conservant ou en dialoguant avec des éléments urbains présents, au lieu de préparer le terrain à un futur proche rempli de boites toutes pareilles creusées en R-2 et poussées en R+7/8, aux façades muettes, aux rez de chaussées impersonnels, sur lesquels seuls les chiens mettent une empreinte / signe de vie à coté de quelques tags malhabiles... Boites qui auront permis ponctuellement de faire du cash, mais détruisent l'idée de la ville vivante et humaine.