Je suis en accord avec une partie de ton post, BBArchi. Néanmoins, tu me permettras ces quelques remarques :
BBArchi a écrit :Donc les frais fixes de la voiture sont déjà partie intégrante du budget individuel. "C'est déjà payé" est un argument solidement intégré au mental, et qu'on a du mal à réfuter ; le prix éventuel du billet SNCF (et autre) vient se rajouter au coût fixe de la voiture ; argument imparable et difficilement amovible.
Reste les parts "flottantes" : une part (variable, et fixée de façon arbitraire au goûts de chacun) étant affectable en poste fixe pour l'ensemble de l'utilisation, et d'autres parts tout aussi variables affectée aux trajets pendulaires, aux déplacements pour l'agrément, jusqu'aux simples envies de bouger et de pouvoir le faire sans prendre rendez vous avec la SNCF...
On ne va pas revenir pour la énième fois sur la politique commerciale de la SNCF, puisque tout est parti des prix des TER, qui ne sont pas concernés par le YM. Ce qui me chagrine dans cette manière de raisonner, c'est précisément de considérer la bagnole (possédée) comme inévitable, et le billet de train comme une variable d'ajustement. Et c'est là qu'il y a du boulot à faire côté mentalités.
on a aussi un peu le droit de considérer qu'on est bien quelque part (j'entends habiter quelque part, dans une maison précise, un appartement précis, et pas un autre, parce que c'est une maison de famille, parce qu'on l'a personnalisé, parce qu'on y a des attaches affectives, toutes choses respectables). Et qu'on est pas forcément obligés de rompre avec le tissu social qui nous environne et dont nous sommes une composante, nous et aussi nos gamins. Et donc les nouveaux trajets qui en découlent ne sont pas forcément des trajets logiques et rationalistes au sens écologique, mais répondent simplement à une logique humaine.
Donc définir le coût global réel de la voiture sur un budget n'est pas une opération si cartésienne que cela.
Certes. Mais si cela découle de choix personnels, c'est à soi de l'assumer, au moins en partie. Je considère que, si la redistribution par l'impôt doit aider les individus à faire face à des situations difficiles par divers moyens, c'est moins dans leur rôle d'aider certains à vivre ainsi "parce qu'ils l'ont décidé épissétou". Je caricature, évidemment, et je suis loin d'être insensible à ta "logique humaine"... Mais on a tellement plus urgent à faire que d'aider certains à faire 200km par jour alors que financièrement, ils pourraient s'en tirer mieux en n'en faisant que 30 et en consentant à quelque sacrifice... Le jour où il n'y aura vraiment plus que cela à faire pour que tout soit pour le mieux, OK. En attendant, je persiste à penser que ce n'est pas vraiment "prioritaire".
Un exemple : j'effectue en ce moment des trajets Lyon 3ème>Villard de Lans, et retour.
Pas de quoi fouetter un greffier, ni prendre un abonnement.
Bilan par tc :
1 ticket carnet famille (3 gamins, j'y ai droit). 0.91€
1 aller Lyon Part Dieu > Gre 19.10€
1 TU CG38 pour l'autocar Gre > Villard de Lans 4.10€
Total : 24.11€
AR (x2) : 48.22€
(...)
Total : 3h10 de trajet
Là, tu vas avoir droit à un tir groupé de remarques.

1-Si tu as droit aux tickets Famille nombreuse des TCL, tu as droit à une carte famille nombreuse SNCF, non ? Soit 30% de réduction à la SNCF, valable en toutes périodes, pour seulement 18€, valable 3 ans... Ça fait passer le billet à 13,40€, soit déjà 2x5,70€ d'économisés sur un A/R...
2-Quand bien même tu ne voudrais pas de ladite carte, les carnets de billets TER (vendus par 6) sont valables 1 an et proposent tout de même une réduction de 20%.
3-Pour l'autocar, même topo : tu as droit au tarif "eco", soit 2,90€ (enfin, 3 à partir de septembre) au lieu de 4,10 (ou bientôt 4,30).
La différence commence à devenir sensible, non ?
Variante avec ma voiture :
5cv, avec le kilométrage annuel effectué, je suis en gros à 0.380 €/km soit 250 x 0.380 = 95.00€.
Si je sors les frais fixes, j'arrive à un prix pratiquement équivalent au tarif SNCF alors qu'avec le principe de la massification des frais, ce devrait être nettement plus couteux
Massification des frais ? Quand ça coûte cher de faire rouler un train, même si le train est rempli, il n'est pas dit qu'il dégage des bénéfices... A la rigueur, le déficit est partagé par plus de monde, mais c'est tout...
Et sortir les frais fixes, encore une fois, c'est biaiser l'équation. Si on va par là, j'enlève dans mon billet de train le salaire du conducteur (ben oui, le train roulera avec lui que j'y sois ou non, non ?) etc. Gardons TOUS les coûts, sinon, ça ne sert à rien.

Alors, oui, quelque part, il serait souhaitable de trouver des moyens autres que ceux à l'oeuvre de faire baisser le prix du ticket tout en assurant des recettes suffisantes, en conservant le personnel, en trouvant du matériel moins coûteux à l'achat et moins gourmand en entretien, et en ne desservant pas que les lignes rentables. C'est caricatural et simpliste, poujadiste (?) à l'extrême, mais sinon, on finira par rouler avec le frein de parking serré. Il ne s'agit pas de faire de l'angélisme en disant, "le train c'est bien, par principe vous pouvez faire le prix que vous voulez".
J'aime bien.

On veut un matériel pas cher, qui ne tombe jamais en panne... Le souci, c'est qu'il faut encore le trouver, ce matériel tombé du ciel. Les expériences de matériel "allégé" sont loin d'avoir donné toute satisfaction. Se pose le problème des lignes "non rentables" (c'est-à-dire, si l'on a une notion "de base" de la rentabilité, à peu près TOUTES). Mais si l'on baisse le prix, encore une fois, rien ne dit que l'on aura plus de monde (et quand bien même, comme l'a rappelé Chris, ce n'est pas synonyme de meilleure santé financière)... et on fera encore gonfler les déficits. Baisser les prix, à mon avis, c'est couper encore un peu plus vite les "rameaux" secondaires du réseau, puisque l'on devra les fermer par manque de sous. Alors bien sûr, on peut imaginer toutes sortes de taxes, péréquations et autres... Mais
dans le cadre actuel, baisser les prix ne serait sans doute qu'un attrape-nigaud...
je commence à me méfier de plus en plus des annonces "officielles" sur le prix des choses pour faire rouler un train. Dès qu'on commence à gratter un peu à l'intérieur de l'organigramme avec des questions qui dérangent, tout devient très flou...
Exemple : (...)
Bôf, la théorie du complot, je n'aime pas trop. On nous cache tout, on nous dit rien... Le chiffre que j'ai sorti tout à l'heure n'était pas dans un document orienté "grand public", mais dans le recueil des actes administratifs du STIF -un truc vaguement rébarbatif pour n'importe qui- où il est fait état de certaines prestations régionales s'établissant à... 41€/train*km. Si, quarante-et-un euros pour un kilomètre. Je te laisse en conclure ce que tu veux, mais ne perdons pas de vue que l'offre ne crée pas forcément la demande. Autant il y a des cas où "il suffit de se baisser" pour avoir du trafic, autant dans certains cas, on pourra mettre tous les trains et toutes les correspondances que l'on veut, il n'y aura pas forcément de trafic (notamment parce que les gens se contentent de faire le calcul auquel tu te livres plus haut, totalement biaisé et donc non incitatif pour le train). Je ne prône pas l'abandon des voies ferrées secondaires, loin s'en faut, mais l'angélisme, c'est aussi s'imaginer que l'on pourra avoir un trafic pas trop minable partout, y compris sur Limoges-Felletin via Guéret...