amaury a écrit :Ce que je retiens du reste, c'est que l'intention ne s'est pas traduite en obligation envers le CR et c'est ça qui m'intéresse. ça explique que les CR font leur boulot. Mais ça n'explique pas pourquoi le SYTRAL n'a pas demandé légalement de l'appliquer (la MPA). Dans ce cas, comment ça se passe ? Il faut modifier les contrats de travail ? Si oui, dans quelles conditions, ça se déroule ?
La réponse de manu me parait bonne.
Un conducteur n'est pas un contrôleur, et sans cette assermentation, il ne peut pas grand chose, hormis le fait de rester sur place, en espérant emmerder le fraudeur potentiel (mais bonjour l'image de la MPA auprès des non-fraudeurs... déjà que c'est pas terrible).
Ca me fait penser aux vigiles de supermarchés ou autres magasins : ils sont là pour intimider. Le gamin qui aura piqué 3 bonbons il va vite les rendre, mais le vigile n'a pas beaucoup de pouvoir : il ne peut pas fouiller un sac (ou la personne), il ne peut pas arrêter qui que ce soit... Et la MPA, c'est un peu ça : on essaye d'intimider les fraudeurs faibles, sachant qu'on ne peut pas grand chose pour les fraudeurs "professionnels".
Si ce n'est qu'une modification du règlement intérieur, c'est sûr que le CR n'a pas les superpouvoirs pour le faire respecter. Comme quelqu'un qui fume au fond du bus, ou monte avec son vélo. Impossible de le mettre dehors manu-militari. Seule solution, appeler les forces de l'ordre et attendre.
Cela dit, la MPA à Lyon a quand même été faite à minima. Pour comparaison, à Grenoble, le principe est le même (le conducteur n'a pas de pouvoir de police), on lui a juste donné quelques consignes pratiques, mis de la signalétique, on a neutralisé les boutons de self à l'extérieur du véhicule, et il a été mis en place un système de signalement, à 3 niveaux :
-niveau 1 : le "conflit" a été résolu par le conducteur : le gars est descendu (et a pris le bus suivant, bénéficiant du niveau 0 -voir plus bas-, mais on le dira pas :funny: ), ou s'est résigné à payer son titre de transport. Je crois que les CR doivent noter ça dans un coin, et faire un signalement à la fin de la journée
-niveau 2 : le gars est monté malgré la remarque du CR. Dans ce cas, appel radio au moyen d'un bouton spécial, et une équipe de contrôleur interviendra dans les meilleurs délais (souvent trop tard, mais bon...). Notons quand même qu'un appel de niveau 2 doit normalement être précédé d'une tentative de communication avec le fraudeur. Ils ne sont pas censés le regarder monter en fraude et appeler les contrôleurs sans essayer de transformer le cas en type 1.
-niveau 3 : ça a dégénéré :buck2: . Appel d'urgence prioritaire, secours, etc... (mais ce n'est pas valable que dans un cas de MPA, ça peut être une baston indépendante)
Bien sûr, c'est la théorie, et il y a le niveau 0, le plus fréquent : le conducteur s'en bat les meules, et ne dit rien.
Résumé : on a demandé une bonne implication du CR quand même (je ne sais pas comment ça a été négocié), mais on lui a tout de même fourni quelques outils.
Sur le papier, c'est assez bien foutu (plus qu'à Lyon, visiblement), au début, il y a eu un effort des conducteurs. Aujourd'hui dans la pratique, ça fonctionne tant bien que mal, mais je ne sens plus les conducteurs impliqués comme avant (ils laissent passer de plus en plus).
Par contre, une différence par rapport à Lyon : très très peu de montée par la porte arrière. C'est ce qui m'a le plus étonné au début.