gkevin1996> Ben l'emploi du terme "prise d'otages" est un peu excessif, non ?
Je n'ai pas connaissance de prise d'otages de ce type au cours de laquelle les grévistes avaient exécuté un otage toutes les heures parce que leurs revendications n'étaient pas satisfaites... Ou alors ma culture historique du mouvement social souffre de quelques lacunes.
Oui, un mouvement social crée des perturbations par principe, sinon c'est inefficace.
Comme un camion de fournisseur qui se retourne sur la RCEA avec le matériel que tu attends depuis 8 semaines sur ton chantier, qui se retrouve planté, et que tu ne pourras pas livrer à temps à ton client.
Comme le désespéré qui se finit en se jetant devant le train qui t'emmène à un rdv important : toi, tu as raté le rdv qui va te permettre de faire tourner ta boite pendant 2 ans, avec les salariés qui attendent que tu leur apportes du job pour maintenir leur CDI... et le conducteur du train, lui, il va trimballer le film du choc le restant de sa vie.
Par contre, je n'ai pas non plus connaissance de satisfaction de revendications, quelles qu'elles soient et quelles que soient leurs raisons ou leur logique, simplement par l'envoi d'un mail ou d'une note interne avec écrit "s'il vous plait", et "merci" à la fin. Ja-mais ; cela n'est jamais arrivé, d'où les crispations de temps à autres.
Si on analyse l'aspect social (au sens gestion sociale / technique / management, soit la gestion des ressources humaines) de l'enfumage des macrontocars, ce qui saute aux yeux est justement la duperie des clients savamment organisée par l'occultation sélective des problèmes : on a "vendu" aux clients un concept bien mieux que celui de la SNCF, duquel la grogne sociale serait absente...
Comment imaginer une seule seconde qu'à partir du moment ou des salariés sont basculés dans un monde "hyper concurrentiel et sauvage", fut-ce avec un CDI en bonne et due forme, ils vont encaisser des gnons au nom de la modernité sans finir par trouver l'addition un peu salée, et par grogner ?
J'en avait parlé plus tôt. Lâcher la proie pour l'ombre avec de belles promesses, ça marche un temps ; là, on a juste un retour à la normale avec un fonctionnement plus "classique" du monde du travail. Il y a du bon, et puis du moins bon, et puis du carrément discutable, et dans quelques cas du pas normal. Comme d'hab, quoi. Aucune raison pour que ce bizness échappe à la règle, il suffisait d'attendre la suite logique, surtout avec l'enchainement des fusions / absorptions / faillites et réajustements tout à fait habituels qu'on a pu constater sur très peu de temps.
Alors demander à des gens "ordinaires" (au sens noble du terme, hein, genre ce ne sont pas des requins gestionnaires dressés à faire du chiffre à n'importe quel prix), d'apporter leurs bras et leur capacités, et comme d'hab les envisager comme une variable d'ajustement et rien d'autre, faut pas non plus leur demander de la boucler et de subir, sous prétexte qu'ils ont bien de la chance d'avoir un CDI. Ça ne marche pas comme ça, en tout cas, pas longtemps. Et aujourd'hui, un CDI n'est plus une garantie d'emploi...
Endosser le gilet du manager pour juger sévèrement ces "preneurs d'otages", gratuitement en plus, c'est peut-être encore plus pervers : ça les fait rigoler, ces gestionnaires, et ça peut aussi finir par se retourner contre soi sur le long terme ...
Je suppose que tu es jeune, et que ce que tu as entendu jusqu'à maintenant t'as habitué à accepter qu'il n'y ait qu'une seule logique valable : du moment qu'on a un emploi, on doit se taire. C'est normal, mais il y a peut-être une autre approche et un autre regard possible...